Chaque année, plus de 160 000 personnes sont hospitalisées à cause de leur insuffisance cardiaque et plus de 70 000 en décèdent, selon l’Assurance maladie. Mais la majorité d’entre eux seraient-ils célibataires ? Selon une étude présentée aujourd'hui à Heart Failure 2022, un congrès scientifique de la Société européenne de cardiologie (ESC), les personnes atteintes d’insuffisance cardiaque et qui ne sont pas mariées auraient moins de chances de survie à long terme que celles mariées. Autrement dit, elles auraient plus de risques d’en mourir.
Une maladie qui nécessite une prise en charge...
Lorsque des patients sont touchés par de l’insuffisance cardiaque, cela signifie que leur muscle cardiaque n’arrive plus à assurer son rôle de propulsion du sang dans l’organisme. Cela a donc des effets sur beaucoup d’autres organes qui n’ont plus assez d’oxygène ni d’éléments nutritifs pour fonctionner correctement.
Au début, quand une personne souffre d’insuffisance cardiaque, elle peut ne ressentir aucun symptôme. Mais, l’évolution de cette pathologie se manifeste ensuite par une fatigue, un essoufflement progressif (d’abord lors d’activités physiques puis dans celles de tous les jours, et même au repos), des palpitations, etc. Néanmoins, avec une prise en charge adaptée, il est possible de ralentir l’évolution de l’insuffisance cardiaque.
… plus facile à suivre quand on est en couple
"Le soutien social aide les personnes à gérer certaines situations à long terme, explique Fabian Kerwagen, l’un des auteurs. Les conjoints peuvent aider à l'observance des médicaments, à encourager et aider les patients à adopter un mode de vie plus sain, ce qui peut jouer sur leur longévité. Dans cette étude, les patients célibataires présentaient moins d'interactions sociales que ceux mariés et manquaient de soutien pour gérer leur insuffisance cardiaque. Nous avons voulu savoir si ces facteurs pouvaient aussi expliquer, en partie, le lien avec la survie.
Pour parvenir à ces résultats, les auteurs ont étudié un peu plus de 1 000 patients hospitalisés entre 2004 et 2007 pour insuffisance cardiaque. 633 étaient mariés et 375 étaient célibataires, dont 195 veufs, 96 jamais mariés et 84 séparés ou divorcés. Pour tous les autres, la situation conjugale n’était pas précisée.
Plus de risque de mourir chez les célibataires
À l’aide des questionnaires auto-déclaratifs remplis par les participants dans le cadre du suivi de leur pathologie, les chercheurs ont observé que les personnes célibataires avaient des relations sociales moins nombreuses et un moins bon soutien quant au suivi de leur traitement que celles mariées. En revanche, il n’y avait pas de différence concernant la qualité de vie ou l’humeur dépressive.
Les chercheurs ont suivi les participants pendant une dizaine d’années. Durant cette période, 679 sont décédés. D’après l’étude, le fait d’être célibataire augmentait le risque de mourir en lien avec une maladie cardiovasculaire mais aussi toute cause confondue. Les patients dont le risque était le plus élevé comparativement aux personnes mariées étaient les veufs.
Identifier les personnes seules pour mieux les accompagner
"Le lien entre le mariage et l’espérance de vie montre l'importance du soutien social pour les patients souffrant d'insuffisance cardiaque, un sujet qui est devenu encore plus pertinent avec la distanciation sociale durant la pandémie, conclut Fabian Kerwagen. Les professionnels de la santé devraient envisager de demander aux patients leur état civil (...) et recommander des groupes de soutien pour l'insuffisance cardiaque afin de combler ces potentielles lacunes."