- L’hypertension artérielle est la première cause d’accident vasculaire cérébral (AVC) évitable selon l’Inserm.
- 10 à 30% des patients hypertendus seraient résistants aux traitements disponibles.
En France, un adulte sur trois est concerné par l’hypertension artérielle, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Lorsqu’une personne en est atteinte, cela signifie que la pression de son sang dans ses vaisseaux sanguins est anormalement élevée. Pour diagnostiquer cette pathologie, le médecin doit donc mesurer la pression artérielle du patient avec un tensiomètre.
Limiter le sel en plus des traitements contre l’hypertension artérielle
Une tension normale est de 120/80. Le premier chiffre est la pression systolique, elle équivaut à la pression maximale lorsque le cœur se contracte pour se vider de sang. 80 est la pression diastolique, c’est-à-dire minimale lorsque le cœur se relâche pour se remplir. On parle donc d’hypertension artérielle lorsque ces chiffres dépassent 149/90 au cabinet du médecin et 135/85 à domicile.
Pour prendre en charge l’hypertension artérielle, les patients ont généralement un traitement médicamenteux mais l’idéal est aussi de respecter certaines règles d’hygiène de vie, notamment concernant l’alimentation. Et l’un des principaux conseils est de limiter le sel. Mais comment faire pour habituer son palais à un goût moins salé ? C’est la question à laquelle des chercheurs ont tenté de répondre. Leurs travaux ont été présentés au Congrès de la Société européenne de cardiologie.
"Apprendre à aimer les aliments moins salés"
"L'un des principaux obstacles à l'adhésion à un régime pauvre en sel est que les gens n'aiment pas le goût, mais peu d'études ont abordé ce problème, explique Misook Chung, l’un des auteurs. Notre étude menée sur des patients souffrant d'hypertension artérielle montre qu'il est possible de modifier la perception du goût et d'apprendre à aimer les aliments moins salés."
Ainsi, les scientifiques ont développé le Sodium Watchers Program – Hypertension (SWaP-HTN), un programme qui vise à habituer progressivement les patients au goût des aliments moins salés. Lors de leur essai clinique, 29 participants souffrant d’hypertension artérielle ont reçu des cours d’éducation alimentaire et un suivi pendant seize semaines. Tous avaient un appareil électronique pour évaluer la teneur en sel des aliments.
L’importance de réaliser la teneur en sel des aliments
"L'une des premières étapes consistait à ce que les patients réalisent la quantité de sel qu'ils mangeaient, expliquent les auteurs. À l'aide de l'appareil électronique, ils pouvaient tester la teneur en sel des repas au restaurant et demander au chef de cuisine, pour la prochaine fois, de réduire ou d'éliminer le sel. Ils l'utilisaient (l’appareil) également à la maison pour réduire la teneur en sel de leur propre cuisine. Certaines personnes ont automatiquement ajouté du sel à table avant de goûter la nourriture. Nous avons donc demandé aux participants de compter le nombre de fois où ils en mettaient et de se fixer des objectifs pour réduire cette quantité. La plupart d’entre eux ont retiré la salière de la table dans les trois semaines."
Une réduction de 30 % de l’apport en sel
À la fin de leur étude, les scientifiques ont observé une diminution de l’apport en sodium de 1 158 milligrammes par jour, soit une réduction de 30 %. En revanche, dans le groupe témoin qui n’a pas participé au programme, l'apport quotidien a augmenté de 500 milligrammes.
Enfin, en ce qui concerne l'appétence pour les aliments moins salés, les participants disaient les apprécier à hauteur de 4,8 sur une échelle de 10 au début de l’essai… à la fin, soit seize semaines plus tard, la note était de 6,5. Il y a donc eu une amélioration.
"Nous pouvons habituer nos papilles gustatives"
"Notre étude montre que nous pouvons habituer nos papilles gustatives pour apprécier les aliments à faible teneur en sodium et réduire progressivement la quantité de sel que nous consommons”, concluent les auteurs. Ceux-ci compte désormais poursuivre les tests de leur programme sur plus de participants et pendant plus de temps.