Un lien connu mais jusque-là inexpliqué : les patients souffrant de diabète, d'hypertension, d'obésité ou d'autres maladies cardiaques pouvant endommager les vaisseaux sanguins et entraîner des AVC sont davantage menacés par la maladie d'Alzheimer. On connait aujourd'hui au moins un des responsables : le gène FMNL2 dont les modifications empêcheraient l'élimination efficace des protéines toxiques du cerveau dont l'accumulation conduit à la maladie d'Alzheimer.
Le modèle du poisson-zèbre
"Non seulement nous avons un gène, mais nous avons un mécanisme potentiel", explique Richard Mayeux, titulaire de la chaire de neurologie à l'université Columbia et auteur principal de l'étude.
Si la recherche a impliqué cinq groupes de patients, c'est en travaillant sur le modèle du poisson-zèbre, un "organisme modèle" régulièrement utilisé dans les recherches sur la maladie d'Alzheimer, que les chercheurs ont découvert ce mécanisme. "Nous avions ce gène, FMNL2, qui se trouvait à l'interface entre la maladie d'Alzheimer et les facteurs de risque cérébro-vasculaires, nous avons donc eu l'idée que ce gène pourrait fonctionner dans la barrière hémato-encéphalique, là où les cellules cérébrales rencontrent le système vasculaire", précise le Pr Caghan Kizil, associé invité à l'université Columbia et expert des travaux sur le poisson-zèbre.
Une gaine autour des vaisseaux sanguins
La barrière hémato-encéphalique, c'est une frontière semi-perméable entre les vaisseaux sanguins et le tissu cérébral qui sert de défense contre les agents pathogènes et les toxines présents dans le sang. Un des éléments essentiels de cette barrière est constitué des astrocytes, des cellules cérébrales qui forment une gaine autour des vaisseaux sanguins, gaine qui se desserre pour éliminer l'amyloïde toxique responsable de la maladie d'Alzheimer.
Le travail réalisé à partir du poisson-zèbre a permis de mettre en évidence un processus qui se produit à l'identique dans le cerveau humain : lorsque l'activité du gène FMNL2 est modifiée en raison d'une maladie cérébrovasculaire, le mécanisme de transfert des agrégats de cellules cérébrales vers les vaisseaux lié à la barrière hémato-encéphalique ne fonctionne plus, ce qui empêche l'élimination de l'amyloïde toxique.
Cette découverte est d'importance puisqu'elle pourrait conduire à un moyen de prévenir la maladie d'Alzheimer chez les personnes souffrant de maladies cardiovasculaires.