Il n'est pas rare d'entendre quelqu'un attribuer des émotions à une chanson : "triste", "joyeuse", "inquiétante". Et d'après une récente étude publiée dans la revue Emotion, cette capacité à identifier les sentiments que la musique nous procure pourrait être directement liée à notre degré d'empathie. La recherche démontre un lien de corrélation entre la précision empathique et l'expression musicale.
L'étude repose sur deux tests distincts : le premier a été réalisé auprès de 236 étudiants et le deuxième sur un échantillon plus large impliquant la participation de 596 Américains. Les volontaires ont été invités à regarder des vidéos dans lesquelles des inconnus racontaient un épisode de leur vie.
Les participants ont ensuite écouté des morceaux de piano spécialement composés pour transmettre un récit émotionnel. À la place d'auto-évaluer leurs propres émotions, les volontaires ont essayé d'identifier les émotions (positives comme négatives) véhiculées par les vidéos et les extraits musicaux. Les réponses des participants ont ensuite été comparées à celles des personnes filmées, ainsi que des musiciens qui ont composé les morceaux.
La musique, puissant vecteur d'interaction sociale ?
Ces expériences ont révélé que les volontaires qui arrivaient le mieux à identifier les émotions des individus dans les vidéos étaient également plus précises dans l'évaluation des émotions véhiculées par la musique écoutée. "Ces résultats fournissent les premières preuves d'une relation entre les processus empathiques évalués par le comportement dans les domaines sociaux et musicaux", concluent les auteurs de la recherche.
"Si la musique a évolué pour nous aider à naviguer dans notre environnement social et qu'elle est avant tout un comportement social, on pourrait s'attendre à ce qu'il y ait une sorte de processus neuronaux partagés qui sous-tendent les deux", développe dans un communiqué Zachary Wallmark, musicologue et spécialiste des sciences cognitives, qui a co-dirigé l'étude.
"La musique peut transmettre du sens et des émotions et également susciter des réponses émotionnelles, mais les mécanismes responsables de son pouvoir émotionnel sont mal compris", a précisé Benjamin Tabak, psychologue à l'université méthodiste du Sud (Texas, États-Unis) et co-auteur de l'étude.