Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce virus là est porteur non pas d'une menace mais d'un espoir : le lien découvert en janvier dernier entre le virus d'Epstein-Barr et la sclérose en plaques est sans doute une bonne nouvelle pour les quelques 110 000 patients en France touchés par cette maladie dont c'est aujourd'hui la Journée Mondiale et dont on recense plus de 2,8 millions de cas dans le monde. Pourquoi ? Parce que ce virus à l'origine d'autres maladies comme la mononucléose et qui touche souvent sans conséquence 95% des adultes ouvre des voies jusqu'ici inexplorées pour traiter la sclérose en plaques.
Troubles moteurs, sensitifs et visuels
Cette maladie inflammatoire auto-immune qui touche le système nerveux central détruit la myéline qui entoure les fibres nerveuses, ce qui perturbe la conduction des influx et aboutit à des troubles moteurs, sensitifs ou visuels. Elle débute fréquemment à un âge relativement jeune, entre 30 et 40 ans -même si elle a en fait souvent démarré longtemps avant de pouvoir être diagnostiquée- mais peut atteindre aussi des enfants ou des personnes âgées. Et elle a cette particularité de toucher principalement les femmes qui représentent en France entre 70 et 75% des cas ce SEP, les initiales qui désignent cette maladie.
Et si, comme le rappelle le Professeur Jérôme de Séze, un des spécialistes de cette maladie qui exerce au CHU de Strasbourg, "la SEP n'impacte pas l'espérance de vie mais la qualité de la vie", elle est l'une des causes les plus fréquentes de handicap chez les jeunes adultes.
Des poussées suivies de rémissions
L'autre particularité de cette maladie est en effet d'évoluer dans plus de 80% des cas par des poussées suivies de périodes de rémission. Mais chacune de ces poussées peut laisser des séquelles et c'est l'accumulation de ces épisodes qui finit par amener le patient en situation de handicap. Chacune des poussées peut faire apparaître de nouveaux troubles, fourmillements, perte de sensibilité, troubles de la vision pouvant aller jusqu'à une quasi perte de la vue ou, plus grave encore, déclin de la force musculaire entraînant un handicap moteur.
Pour les cas plus rares où la maladie se déclare d'emblée sous une forme progressive, sans poussées, la difficulté est de parvenir à poser un diagnostic puisque les premiers symptômes peuvent parfois être confondus avec ceux que l'on rencontre dans les maladies rhumatologiques.
Le rôle de l'infection par Epstein-Barr
Actuellement, et puisque la sclérose en plaques est une maladie auto-immune, c'est à dire liée à une réaction du système immunitaire contre la myéline qui, en se détériorant, place les fibres nerveuses dans une situation que l'on pourrait comparer à un câble électrique dans lequel le passage du courant serait perturbé par l'absence de gaine isolante, les seules traitements consistent à "désamorcer" ou à moduler la réaction immunitaire/. Mais ces traitements immunomodulateurs ou immunosuppresseurs ne peuvent que ralentir la progression de la maladie, en aucun guérir les patients atteints.
C'est pourquoi le lien entre la sclérose en plaques en le virus d'Epstein-Barr est un espoir vers la mise au point de nouveaux traitements. Les cibles de ce virus étant les lymphocytes B, cellules immunitaires elles-mêmes impliquées dans la réaction inflammatoire inadaptée liée à la sclérose en plaques, cela explique l'efficacité contre la SEP de traitements visant ces lymphocytes B. Donc, en arrêtant l'infection par ce virus, il serait en théorie possible d'empêcher la maladie de se déclarer. S'll n'existe pour l'instant pas de vaccin contre ce virus, voilà en tout cas une nouvelle voie de recherche qui s'ouvre dans la lutte contre la sclérose en plaques.