- En 2018, 8,5% des séjours hospitaliers courts étaient liés à un effet indésirable médicamenteux.
- Ce taux était de 3,6% en 2007.
- Selon les entreprises du médicament (Leem), la consommation de médicament par habitant a baissé de 16% entre 2004 et 2019 en France.
Les médicaments soignent, mais ils sont parfois difficiles à tolérer pour l’organisme. Ce sont les effets indésirables : soit une "réaction nocive et non voulue à un médicament en cas d’utilisation conforme aux termes de son autorisation de mise sur le marché ou lors de toute autre utilisation", précise le Ministère de la santé. Ces effets sont considérés graves quand ils sont "mortels ou susceptibles de mettre la vie en danger, ou entraînant une invalidité ou une incapacité importante ou durable, ou provoquant ou prolongeant une hospitalisation, ou se manifestant par une anomalie ou une malformation congénitale." Selon un article du Figaro, paru lundi 30 mai, ces effets secondaires graves sont de plus en plus nombreux. En 2018, 212 500 personnes hospitalisées à cause d’effets indésirables, contre 144 000 en 2007.
Une augmentation aux origines inconnues
Le quotidien s’est appuyé sur les données de deux études : Emir, réalisée en 2007, et Iatrostat, de 2018. La comparaison entre les résultats à ces deux périodes a permis de constater la hausse importante des hospitalisations liées aux effets indésirables des médicaments. Mais les scientifiques n’en connaissent pas les causes : "il s’agit d’une tendance observée dans d’autres pays, mais nous n’avons pas d’explications claires", précise Pr Marie-Laure Laroche, pharmacologue au centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Limoges, et investigatrice principale de l’étude Iatrostat, au Figaro. Pour la spécialiste, ce n’est pas lié à la consommation de médicaments, qui a baissé sur cette période, ni au vieillissement de la population, car les taux d’accident par classe d’âge sont stables, ni à certaines catégories de médicaments. Les nouveaux médicaments apparus sur le marché depuis 2007 ne semblent pas impliqués : ils ne "prennent pas une place particulièrement importante en termes d’effets indésirables au regard de leur prescription", souligne-t-elle.
Une mauvaise utilisation des médicaments ?
L’étude Iatrostat met toutefois en évidence une piste d’explication : une utilisation parfois inadaptée des traitements. De fait, les données récoltées indiquent que 16% des effets indésirables auraient pu être évités grâce à un meilleur suivi des doses, durées et précautions d’emploi liées à ces médicaments. Le Pr Dominique Deplanque, président de la Société française de pharmacologie et thérapeutique insiste sur la nécessité de suivre ces recommandations pour les personnes âgées : "Chez elles, il faut être particulièrement attentifs à la pertinence traitement et aux risques à chaque fois qu’on ajoute un médicament une ordonnance", explique-t-il au Figaro. Pour certains médecins, il faudrait aller plus loin et mettre en place la sobriété médicamenteuse. Ainsi, le Pr Rémy Boussageon, président du conseil scientifique du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), les prescriptions pourraient être limitées à "cinq médicaments par ordonnance".