Neuf décès, 650 cas dans le monde, 38 enfants greffés… Depuis quelques semaines, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alerte sur la recrudescence des cas d’hépatite infantile. Dans un communiqué publié le 27 mai dernier, l’instance de santé estime que 33 pays ont été touchés par cette maladie dans le monde entre le 5 avril et le 26 mai 2022.
Une maladie inhabituelle chez les jeunes enfants
Dans une autre publication, l’OMS assure qu’il y a un “certain nombre de cas graves d’hépatite” chez les enfants alors que cette maladie “est inhabituelle” dans ce public. L’hépatite aiguë est ensuite définie comme “une inflammation aiguë du foie. L’hépatite aiguë peut être due à toute une série de causes, d’ordre infectieux ou non. Il existe 3 grands types d’hépatite virale aiguë : l’hépatite A, B et C. Les hépatites virales D et E sont moins répandues, surtout dans un contexte de revenus élevés”.
Un lien entre hépatite et Covid-19…
Pour expliquer cette augmentation inhabituelle des cas, l’OMS avançait le 4 mai dernier que “les adénovirus (étaient) l’une des hypothèses privilégiées. Il s’agit d’un groupe de virus communs qui se propagent d’une personne à l’autre et provoquent des symptômes respiratoires, des vomissements et de la diarrhée chez les enfants”.
Selon des chercheurs, les adénovirus ne seraient qu’une partie de l’explication. "Le SARS-CoV- 2 a été identifié dans 18% des cas signalés au Royaume-Uni et dans 11% des 97 cas en Angleterre”, explique Petter Brodin, l’un des auteurs d’une étude parue dans la revue The Lancet Gastroenterology & Hepatology.
…confirmé par certains chercheurs
Pour Antonio Rivero-Juárez, chercheur dans le domaine des maladies infectieuses et interrogé à ce sujet par le média espagnol El Mundo, "le coronavirus était latent chez les enfants : dans le système digestif, il y avait des réservoirs du virus qui, lorsqu'ils sont entrés en contact avec d'autres agents pathogènes, comme l'adénovirus, ont multiplié la force de leur mécanisme pathologique". Le responsable de cette épidémie d’hépatite infantile ne serait donc pas la Covid seule, ni l’adénovirus seul mais bien la co-infection des deux.
L’une des limites de la théorie de cette co-infection est que “tous les enfants (atteints d’hépatite) n'ont pas subi de test sérologique pour vérifier la trace de la covid-19 dans leur corps, poursuit Antonio Rivero-Juárez. Et il n'y a pas d'études qui certifient que le coronavirus était latent dans leur tube digestif". Mais, selon les auteurs de l’étude, "les tests sérologiques en cours sont susceptibles de montrer un nombre plus important d'enfants atteints d'hépatite aiguë sévère et d'une infection antérieure ou actuelle par le SRAS-CoV-2”. Une hypothèse qui pourrait se confirmer durant les prochains mois, si les cas d’hépatite infantile continuent à augmenter.