"Une grossesse chez une femme souffrant de sclérose en plaques ? C'est très contre-indiqué !". Voilà une croyance qui a durant très longtemps freiné les désirs de maternité des patientes atteintes de SEP. Elle est aujourd'hui balayée par une nouvelle certitude : "De nombreuses études montrent que cela ne pose pas de problème particulier, la grossesse d'une femme atteinte de sclérose en plaques est une grossesse normale !", affirme le Pr Sandra Vukuzic, neurologue, chef de service au CHU de Lyon.
Baisse de l'immunité durant la grossesse
La science n'a en effet pas tardé à produire les preuves d'un phénomène évident : la sclérose en plaques étant une maladie auto-immune (un dysfonctionnement du système immunitaire qui se retourne contre la myéline, la gaine qui protège les fibres par lesquelles passent les influx nerveux), la baisse naturelle de l'immunité de la femme durant la grossesse diminue le risque de poussée de la maladie, comme l'explique le Pr Jérôme de Séze, neurologue au CHU de Strasbourg.
Il n'empêche, comme le remarque le Pr Vukuzic, "le projet de maternité est très vite interrogé par les patientes quand le diagnostic de sclérose en plaques est posé". Et comme cette maladie touche de nombreuses femmes dans les tranches d'âge entre 30 et 40 ans où elles souhaitent avoir des enfants, "c"est une question importante", note la neurologue.
Aucune différence avec la grossesse d'une femme normale
Son propos est donc de rassurer : "Une grossesse pour une patiente atteinte de SEP ne présente aucune différence avec celle d'une femme qui n'a pas cette maladie, le suivi obstétrical est absolument le même, il n'y a pas plus de complications ni pour le déroulement de la grossesse ni pour le bébé". La seule réserve, et là encore c'est lié à l'impact de la maternité sur le fonctionnement du système immunitaire de la femme, dans les premiers mois suivant l'accouchement il peut y avoir une accélération de l'évolution de la maladie. "Mais nous disposons de traitements qui permettent de prévenir cet épisode", précise Sandra Vukuzic.
En revanche, prévoir une grossesse lorsque l'on est atteinte de SEP nécessite une certaine anticipation. En effet, certains traitements qui freinent l'évolution de la maladie sont incompatibles avec la grossesse. "Il faut alors envisager de les arrêter et de les changer pour un autre traitement compatible", indique la neurologue.
La SEP n'est pas une maladie génétique
Et puis, bien sûr, qui dit maternité pour une femme atteinte d'une maladie chronique dit craintes d'une transmission de cette maladie à son enfant. "La SEP n'est pas une maladie génétique mais la génétique peut générer un terrain à risque, non pas de SEP mais de développer n'importe quelle maladie auto-immune", rappelle Sandra Vukuzic. Ce risque a été mesuré avec précision : celui d'être atteint par la SEP est de 1 sur 1 000, il monte à 2 ou 3% si un parent est lui-même touché par la maladie.