Publiée dans le British Medical Journal, cette nouvelle étude dirigée par des chercheurs australiens de l'Université de Melbourne repose sur l'analyse des réponses de plus de 12 000 médecins australiens à l'enquête "Medicine in Australia Balancing Employment and Life", réalisée entre 2013 et 2018.
Les questions posées aux participants ont porté sur divers critères tels que leur spécialité, leur âge ou leur sexe, ainsi que sur des questions plus personnelles concernant leur état de santé, leurs traits de personnalité, la qualité et leur satisfaction de leur vie personnelle ou encore leurs conditions de travail.
Les médecins interrogés ont également dû préciser s'ils avaient déjà été poursuivis en justice, ce qui était le cas d'un peu plus de 5% d'entre eux. Ces derniers auraient été impliqués dans une plainte déposée par leurs patients ou les proches, pour négligence médicale.
Cette recherche, première du genre à s'intéresser au lien spécifique entre le bien-être psychique des médecins et les risques de se voir poursuivre en justice, est essentiel pour prévenir la survenue d'erreurs médicales. "Les patients qui subissent un préjudice du fait d'une erreur médicale peuvent poursuivre le médecin concerné afin d'obtenir réparation, des réponses et l'assurance que les erreurs ne se répéteront pas. Par conséquent, comprendre pourquoi ce médecin a commis une erreur et a été poursuivi en justice peut nous aider à réduire les erreurs médicales et à améliorer la qualité des soins de santé", développe Owen Bradfield, chercheur à l'université de Melbourne qui a co-dirigé l'étude.
Améliorer le quotidien des médecins et réduire la charge de travail
Parmi les facteurs de risque associés aux erreurs médicales, la surcharge de travail se hisse tout en haut de la liste. Viennent ensuite le fait de travailler dans une zone rurale, un niveau faible de satisfaction vis-à-vis de son existence, ainsi que la difficulté à atteindre un équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Ces facteurs varient toutefois selon les sexes. Si les causes précédemment évoquées semblent plutôt concerner les hommes, les risques chez les femmes accusées de négligence médicale seraient davantage liés au fait de travailler à temps partiel ou d'avoir récemment subi une blessure physique ou une maladie. "L'augmentation de l'âge est un facteur prédictif de sinistres plus important chez les hommes médecins", précise par ailleurs l'étude.
"Nous devons réduire la fatigue des médecins en nous attaquant aux longues heures de travail. Nous devons également créer des environnements de travail favorables et cibler les interventions qui améliorent le bien-être général des médecins, notamment par le biais de programmes d'hygiène de vie et de psychologie positive. Cela pourrait réduire le risque que les médecins soient poursuivis en justice et améliorer la sécurité des patients", concluent les auteurs de l'étude.