"Les traitements ciblant le HER2 (à savoir une protéine naturellement présente dans l'organisme) se sont révélés inefficaces chez les patientes touchées par un cancer du sein HER2-low, soit une faible expression de la protéine", ont indiqué un groupe international de chercheurs. Durant le Congrès du cancer de Chicago (ASCO) aux États-Unis, le 5 juin, les scientifiques ont présenté une étude parue dans la revue New England Journal of Medicine. Lors de leurs travaux, ils ont découvert que le Trastuzumab Deruxtecan, à savoir une thérapie ciblée anti-HER2, pourrait bénéficier à plus de patientes. Pour rappel, ce traitement est actuellement utilisé par les femmes souffrant d’un cancer du sein métastatique dont la tumeur présente la protéine HER2 en très forte quantité.
Pour parvenir à cette conclusion, les auteurs ont mené un essai de phase 3 auprès de patientes atteintes d'un cancer du sein métastatique à faible expression de HER2 et ayant effectué une ou deux séances de chimiothérapie. Les participantes ont été divisées en deux groupes pour recevoir soit le Trastuzumab Deruxtecan, soit une chimiothérapie choisie par un médecin. "Sur les 557 volontaires, 494 (88,7 %) avaient un cancer à récepteurs hormonaux positifs et 63 (11,3 %) une maladie à récepteurs hormonaux négatifs", peut-on lire dans les recherches.
"Ces patientes vivaient six mois de plus en moyenne"
Chez les patientes présentant des récepteurs hormonaux positifs, la médiane de survie sans progression était de 10,1 mois pour celles qui ont utilisé du Trastuzumab Deruxtecan et de 5,4 mois dans le groupe ayant bénéficié d’une chimiothérapie. "La survie globale était de 23,9 mois et 17,5 mois, respectivement", ont précisé les chercheurs. En clair, la thérapie ciblée anti-HER2 a entraîné une survie sans progression et une survie globale significativement plus longues que la chimiothérapie choisie par un praticien.
"Les résultats sont significatifs. Ces patientes vivaient six mois de plus en moyenne. Ça peut paraître peu, mais ça a vraiment fait un bond en avant qu'on n'avait pas vu depuis plus de quinze ans dans ce sous-type de maladies", a déclaré, à France Info, William Jacot, professeur de l'Institut du Cancer de Montpellier qui a participé à cette étude.
Selon le chercheur, le Trastuzumab Deruxtecan va pouvoir être prescrit à 5.000 patientes supplémentaires touchées par un cancer du sein. "C'est un énorme message d'espoir parce que quand on a ce genre de démonstration à des stades avancés de la maladie, l'étape suivante, ça va être d'essayer de le faire à des stades de plus en plus précoces. Et d'arriver sur des stades localisés à augmenter non plus la quantité de vie, mais les taux de guérison pour que plus de patientes puissent guérir à la fin. Et ça, c'est majeur, parce que ça représente globalement la moitié des femmes qui font un cancer du sein", a-t-il poursuivi.