L’axe intestin-cerveau livre un nouveau secret! On en connaît désormais plus sur le rôle de la connexion intime bidirectionnelle entre nos deux cerveaux, le système gastro-intestinal et le système nerveux central, dans le développement de certaines maladies.
Symptômes dépressifs
En effet, d’après des chercheurs de la University of Southern California aux États-Unis, la rectocolite hémorragique et la maladie de Crohn, qui constituent les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), pourraient être liées à la dépression.
Dans l’étude, les scientifiques rappellent que 30 % des patients atteints de MICI, qui se développent à partir d'une réponse immunitaire déréglée du microbiote intestinal chez un individu génétiquement sensible, répondent aux critères de la dépression à vie, et jusqu'à 60 % d'entre eux présentent des symptômes dépressifs.
Des études récentes ont prouvé que les patients atteints de MICI présentent également un risque accru d’anxiété, de maladie de Parkinson et de démence.
Et inversement, les patients souffrant de dépression ont un risque plus élevé de développer une MICI.
Risque 9 fois supérieur
En étudiant 11 années de données médicales concernant 20 millions de personnes vivant à Taïwan, les chercheurs américains ont découvert que les patients diagnostiqués d'une MICI avaient (environ) un risque 9 fois supérieur de développer une dépression.
Dans l'autre sens, les patients diagnostiqués d'une dépression avaient (environ) 2 fois plus de risque de développer une MICI au cours de leur vie.
Les chercheurs américains ont également observé l'existence d'un "risque familial" : ainsi, les proches (frères et sœurs) de patients atteints d'une MICI présenteraient un risque 2 fois supérieur de développer une dépression, risque qu’ils mettent sur le compte de potentiels facteurs génétiques et environnementaux.
Dysbiose
L'implication neuropsychiatrique dans les MICI reflète probablement des facteurs tels que le poids des symptômes, l'inflammation chronique et la perturbation du microbiote intestinal (dysbiose), qui sont associés à ces maladies entériques.
En effet, la flore intestinale a la capacité de synthétiser et de libérer une variété de neurotransmetteurs et de neuromodulateurs tels que la dopamine, la sérotonine et l'acide gamma aminobyturique (GABA), un acide aminé et le principal neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central, dont le déséquilibre est lié au trouble bipolaire, à la schizophrénie et aux troubles anxieux.
Une étude récente a rapporté la capacité du stress chronique à modifier le microbiote intestinal, fournissant des preuves de la capacité de la santé mentale à influencer l'inflammation intestinale.
De plus, une perturbation du microbiote intestinal a été trouvée dans d'autres maladies comorbides avec la dépression, plus particulièrement dans les maladies inflammatoires, y compris la polyarthrite rhumatoïde et le lupus érythémateux systémique.
Une alimentation pro-inflammatoire (viande, produits laitiers et gluten) est à éviter en cas de dysbiose du microbiote intestinal.