Le marché des compléments alimentaires se porte bien en France. Entre 2019 et 2021, sa valeur a augmenté de 12%, avec plus de 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’an passé, selon les chiffres de Synadiet, le syndicat national des compléments alimentaires. Ces produits, vendus sans ordonnance, peuvent être consommés pour diverses raisons : améliorer la digestion, réduire le stress, faciliter la perte de poids, etc. Mais s’ils sont bénéfiques pour les adultes, ils peuvent être dangereux pour les enfants. Selon une étude réalisée par les Centers for Disease Control and Prevention, l’organisme américain de santé publique, les empoisonnements d’enfants, à cause de produits contenant de la mélatonine, ont explosé ces dix dernières années.
Un produit très consommé aux États-Unis
La mélatonine est une hormone naturellement sécrétée par l’organisme, qui régule les cycles sommeil - éveil. Elle est utilisée comme principe actif dans de nombreux compléments alimentaires contre les troubles du sommeil. Aux États-Unis, ces produits sont de plus en plus populaires : entre 2016 et 2020, les ventes sont passées de 285 à 821 millions de dollars. Cette consommation importante dans le pays accroît le risque d’intoxications des plus jeunes : en 2020, la mélatonine était la substance la plus fréquemment ingérée par les enfants, parmi toutes celles référencées par les centres anti-poison, avec une augmentation des cas de 530% en dix ans.
Des ingestions accidentelles, et souvent sans symptômes
Cette étude a été réalisée entre janvier 2012 et décembre 2021, auprès des jeunes de moins de 19 ans. Au total, plus de 260 000 ingestions pédiatriques de mélatonine ont été enregistrées, dont 94% étaient accidentelles. Pour cinq enfants, cela a nécessité une ventilation mécanique, deux sont décédés. 27 000 enfants ont souffert de troubles gastro-intestinaux, cardiovasculaires ou neurologiques.
Une augmentation liée à la pandémie ?
"Cela pourrait être lié à une accessibilité accrue de la mélatonine pendant la pandémie, car les enfants ont passé plus de temps à la maison en raison des confinements et des fermetures d’écoles", estiment les auteurs. Ils rappellent que les troubles du sommeil ont augmenté pendant la pandémie, et ont probablement participé à accentuer la présence de la mélatonine dans les foyers. Selon eux, il est important que les professionnels de santé rappellent aux parents de conserver la mélatonine dans des endroits sécurisés, non accessibles aux enfants.