- Conduire après avoir été éveillé pendant 20 heures ou plus est aussi dangereux que de conduire avec un taux d'alcoolémie supérieur à la limite légale.
- Les fonctions cognitives sont altérées après 16 à 18 heures d’éveil.
Ce 7 juin, les soignants de plusieurs hôpitaux français font grève. Le personnel médical réclame une hausse des salaires et d’effectifs. La raison est simple : après deux ans de pandémie, les praticiens sont épuisés. Récemment, des médecins et des chercheurs de l’hôpital universitaire à Cardiff (Pays de Galles) ont fait le point sur les effets de la fatigue liée au travail de nuit sur les médecins et les infirmiers ainsi que son incidence sur la qualité de leur travail, de leur jugement et de la sécurité des patients. Lors du Congrès Euroanaesthesia 2022, qui a eu lieu à Milan du 4 au 6 juin, ils ont présenté les résultats de leur enquête menée auprès de 3.772 anesthésistes en formation au Royaume-Uni.
Les effets de la fatigue liée au travail de nuit
D’après les travaux parus dans la revue Anaesthesia, la fatigue reste "prévalente" chez les jeunes spécialistes, avec des rapports indiquant qu'elle a des effets sur la santé physique (73,6 %), le bien-être psychologique (71,2 %) et les relations personnelles (67,9 %). Le facteur le plus problématique reste les gardes de nuit. "De nombreuses personnes interrogées ont fait des commentaires sur l'absence de pauses et l'inadéquation des installations de repos. 57 % ont déclaré avoir fait un accident durant leur garde ou un accident en rentrant chez elles après avoir travaillé la nuit", peut-on lire dans l’étude.
Faire des siestes de 20 minutes
À partir de ces résultats, les médecins et les chercheurs ont décidé d’émettre quelques recommandations pour améliorer la prise en charge des malades et le bien-être des soignants. Ils préconisent à tous les praticiens et aux infirmiers de faire régulièrement des siestes de 20 minutes pour leur propre santé et afin d'assurer la sécurité des patients. Autre conseil : aucun professionnel de santé ne devrait faire plus de trois gardes de nuit d'affilée.
"Lorsque la fatigue s'installe, nous (les membres de l'équipe médicale et les infirmiers) sommes moins empathiques avec les patients et les collègues, la vigilance devient plus variable et le raisonnement logique est altéré, ce qui rend difficile une partie des tâches critiques, comme le calcul, par exemple, des doses de médicaments dont un patient a besoin. Nous avons du mal à nous adapter ou à retenir de nouvelles informations ce qui rend difficile la gestion de situations d'urgence qui évoluent rapidement. Notre humeur aussi se détériore, donc notre travail d'équipe en souffre. Par conséquent, tous les facteurs qui contribuent à la sécurité de nos patients sont affectés", a déclaré Nancy Redfern, anesthésiste et auteur des travaux, dans un communiqué.