Chaque année, environ 13 cas de lymphomes pour 100 000 habitants sont diagnostiqués en France. Il existe deux formes principales, les lymphomes de Hodgkin, et les lymphomes non-hodgikiens. Parmi ces derniers, le lymphome des cellules du manteau représente environ 600 nouveaux cas annuels. Il touche les lymphocytes B du système immunitaire, et est associé à une fréquence élevée des rechutes. Face à ces tumeurs particulièrement agressives, des chercheurs de l’Institut Curie, et d’autres scientifiques de plusieurs universités internationales, ont trouvé une nouvelle voie thérapeutique, qu’ils ont présentée lors de la réunion annuelle de l'American Society of Clinical Oncology. Les résultats de leurs travaux sont également publiés dans New England Journal of Medicine.
Des patients en impasse thérapeutique
"La majorité des patients atteints de lymphome à cellules du manteau qui reçoivent un diagnostic à plus de 65 ans ne peuvent pas recevoir de chimiothérapie intensive ou de greffe de cellules souches en raison des toxicités excessives du traitement", explique Michael Wang, scientifique de l’université du Texas et co-auteur de l’étude. L’étude, appelée SHINE, a montré l’intérêt de l'Ibrutinib, un inhibiteur de la Bruton tyrosine kinase (BTK). Combiné à une chimio-immunothérapie, il permet une "amélioration de la survie sans progression par rapport à la chimio-immunothérapie standard pour le lymphome à cellules du manteau (MCL) non traité auparavant chez les patients de 65 ans et plus".
Une survie augmentée de 50%
Ces résultats ont été obtenus grâce à la participation de 523 patients, âgés de plus de 65 ans, et atteints d’un lymphome à cellules du manteau. Les scientifiques les ont répartis en deux groupes : le premier a reçu un traitement associant thérapie ciblée, avec l'Ibrutinib, et immuno-chimiothérapie et l’autre groupe a seulement reçu l’immunochimiothérapie. "La survie médiane sans progression – à savoir le temps entre le début du traitement et l’aggravation de la maladie - est de 80,6 mois avec le traitement associant thérapie ciblée et immuno-chimiothérapie, contre 52,9 mois pour ceux ayant reçu le traitement d’immuno-chimiothérapie seule, soit une amélioration de 50 %", révèlent les chercheurs dans un communiqué. "Nos résultats révèlent un bénéfice très net pour les patients et cette nouvelle option thérapeutique laisse entrevoir un changement de pratique clinique au niveau international, estime le Pr Steven Le Gouill, hématologue, directeur de l'Ensemble hospitalier de l’Institut Curie. L’étape suivante est de se passer de chimiothérapie pour proposer des approches combinatoires de thérapies ciblées dont l’Ibrutinib." Les participants à cette étude sont toujours suivis pour évaluer les différences de survie globale selon les traitements.