"Des recherches soutiennent l'existence d'un phénomène psychosomatique connu sous le nom d'’effet vacances’, permettant aux patients gravement malades de repousser leur décès jusqu'à un événement donné", ont écrit des scientifiques américains dans une étude parue dans la revue Journal of Clinical Oncology. Dans le cadre de ces travaux, ils ont émis une hypothèse. Selon l’équipe, il pourrait exister un laps de temps durant lequel les malades atteints de cancer en phase terminale tentent de retarder leur mort jusqu'à la visite de leur famille le week-end ou pendant les congés ou un jour férié.
Pour les besoins de l’étude, les chercheurs ont analysé des données collectées par le National Center for Health Statistics. Ces dernières comportaient 10.305.990 décès causés par une tumeur maligne de 2000 à 2017. Les scientifiques ont examiné les jours de la semaine et les mois de l'année où les décès étaient survenus. La mortalité du week-end a été définie comme un décès le vendredi, le samedi ou le dimanche. La mortalité pendant les vacances a été définie comme un décès en décembre ou en janvier.
"Ils veulent voir une dernière fois ceux qu’ils aiment avant de mourir"
Chaque année, les taux de décès liés à un cancer ont progressivement augmenté du lundi au jeudi, puis ont atteint un pic le vendredi et le samedi, et ont ensuite diminué le dimanche. "Il y avait une différence relative de 3,4 % du taux de mortalité entre le pic du vendredi et le taux le plus bas des décès du lundi", peut-on lire dans les recherches. D’après les résultats, une augmentation constante des décès a été observée en décembre et en janvier. Selon les chercheurs, les personnes atteintes d'un cancer du sein ou de la prostate étaient plus susceptibles de mourir pendant les vacances par rapport à celles souffrant d'un cancer du poumon.
"Ces malades en phase terminale arrivent à tenir, ont un sursaut. Ils veulent voir une dernière fois ceux qu’ils aiment, leur famille, avant de mourir. Mais leurs proches travaillent en semaine, alors ils viennent à l’hôpital dès qu’ils le peuvent, le jeudi soir, le vendredi, le samedi. À ce moment-là, ils se disent au revoir… et juste après, les malades lâchent psychologiquement, et leur corps aussi. Il y a un pic de décès. C’est la même chose après les vacances de Noël", a expliqué, à FranceInfo, Kanan Shah, cancérologue de New York et auteure de l’étude.