- Chaque dose du médicament coûte 11.000 dollars.
- La majorité des patients n’a pas eu d’effet secondaire significatif.
- Les traitements actuels du cancer du rectum reposent la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie.
Existe-t-il un traitement miracle pour soigner le cancer ? C’est la piste avancée par une équipe scientifique du centre de recherche contre le cancer Memorial Sloan Kettering, situé à New-York. Dans une étude parue dans la revue The New England Journal of Medicine, ils démontrent qu’un traitement permet de guérir les personnes atteintes d’un cancer du rectum non métastatique. Dans une interview à NPR, la Dr. Hanna Sanoff du centre de recherche sur le cancer Lineberger de l’université de Caroline du Nord exprime son enthousiasme face à ces résultats. "Nous n’avons jamais vu un traitement fonctionner à 100 % dans la médecine du cancer", précise-t-elle. Elle n’a pas participé à la recherche, mais a écrit un texte sur les découvertes réalisées par ses confrères.
Six mois de traitement
Dans cet essai médical, 18 patients ont été recrutés, tous atteints d’un adénocarcinome rectal de stade II ou III. Pendant six mois, douze d’entre eux ont reçu du dostarlimab, toutes les trois semaines. Ce médicament appartient à la famille inhibiteurs de point de contrôle immunitaire. Utilisés en immunothérapie, ces traitements bloquent certaines protéines, au niveau des "points de contrôle", pour permettre au système immunitaire d’agir et de détruire les cellules cancéreuses. "Ce sont des médicaments qui existent depuis longtemps dans le traitement du mélanome et d'autres cancers, mais qui n'ont vraiment pas fait partie des soins de routine des cancers colorectaux jusqu'à assez récemment", précise la Dr Hanna Sanoff à NPR. Si le médicament ne suffisait pas à réduire voire supprimer la tumeur, les chercheurs avaient prévu des séances de chimiothérapie ou de la chirurgie. L’un des espoirs de ce traitement est d’éviter justement la chirurgie, car elle peut avoir des conséquences lourdes sur la vie quotidienne des personnes qui la subissent : des troubles sexuels, urinaires, intestinaux ou encore l'infertilité.
Une future étude déterminante
Au bout de six mois, tous les patients étaient en rémission : aucun signe de tumeur n’a été détecté et aucun d’entre eux n’a eu besoin d’intervention chirurgicale ou de chimiothérapie pour terminer le traitement. "Aucun cas de progression ou de récidive n'avait été rapporté au cours du suivi (de 6 à 25 mois)", indiquent les auteurs de l’étude. Face à ces résultats, "il y a eu beaucoup de larmes de joie", raconte la Dr. Andrea Cercek, co-autrice, au New York Times. La rémission de l’ensemble des participants a surpris les chercheurs eux-mêmes. "Je crois que c’est la première fois que ça arrive dans l’histoire du cancer", estime le Dr. Luis A. Diaz, co-auteur. En conclusion de l’étude, les auteurs rappellent toutefois qu’un suivi sur le long terme sera nécessaire pour confirmer ces résultats, mais il faudra aussi réaliser un essai clinique de plus grande envergure. La Dr. Hanna Sanoff spécifie que cela permettra de connaître le taux réel de réponse à ce traitement. "Ça ne pourra pas être 100 %, estime la scientifique. J'espère que je me mordrais les doigts d’avoir dit ça, mais je ne peux pas imaginer que ce sera encore 100 % !"