"Le nom actuel ne correspond pas aux directives de l'OMS qui recommandent d'éviter les régions géographiques et les noms d'animaux", a déclaré un porte-parole à bloomberg.com, à propos de la variole du singe, qui touche actuellement 1 300 personnes dans 28 pays.
Avec cette déclaration, l’OMS rejoint l’avis d’une trentaine d'experts internationaux qui s’étaient émus la semaine passée du caractère discriminant et stigmatisant du nom actuel de la maladie: "dans le contexte de l'épidémie mondiale actuelle, la référence et la nomenclature continues de ce virus comme étant africain sont non seulement inexactes, mais également discriminatoires et stigmatisantes", a déclaré le groupe de scientifiques dans une lettre en ligne, tout en réclamant "un changement urgent de nomenclature non discriminante et non stigmatisante pour le virus du Monkeypox".
Maladie à pustules
Concernant les symptômes, le virus de la variole du singe provoque une maladie à pustules, comme tous les virus du genre orthopoxvirus. Les cas sont la plupart des hommes âgés de 20 à 63 ans et la maladie se manifeste d’abord par une forte fièvre, une grande fatigue, des maux de tête et des courbatures.
La grande majorité présente aussi un gonflement prononcé des ganglions lymphatiques à certains endroits (sous la mâchoire, dans les cervicales et dans l’aine). Au bout de deux jours, la maladie entre dans sa phase « éruptive » et contagieuse, avec l’apparition de lésions sur la peau sous forme de boutons.
Diagnostic plus difficile
Fin mai, l'Association de la presse étrangère d'Afrique avait demandé aux médias occidentaux de cesser d'utiliser des photos de Noirs pour illustrer l'aspect de la maladie dans des articles sur les États-Unis ou le Royaume-Uni.
Dans les semaines qui ont suivi, les scientifiques ont également souligné que les lésions présentées par les patients dans le cadre de l'épidémie actuelle sont, dans de nombreux cas, différentes de celles qui ont été historiquement documentées en Afrique. En Afrique, ces boutons se concentrent sur le visage et aux extrémités (paume des mains, plante des pieds, parties génitales) ou de façon moindre, sur le tronc.
En Europe, les lésions cutanées se trouvent davantage sur les zones génitales et périanales, sans se propager aux autres parties du corps, selon l’OMS, ce qui rend le diagnostic plus difficile. "Comme toute autre maladie, elle peut survenir dans n'importe quelle région du monde et toucher n'importe qui, quelle que soit sa race ou son ethnie", écrit le groupe d'experts. "À ce titre, nous pensons qu'aucune race ni aucun teint de peau ne devrait être le visage de cette maladie".
Des noms plus appropriés ?
L'OMS consulte actuellement des experts en orthopoxvirus - la famille à laquelle appartient le Monkeypox - pour trouver des noms plus appropriés, a déclaré un porte-parole.
Parmi les autres noms de maladies qui vont à l'encontre des lignes directrices figure celui de la grippe porcine, selon les recommandations conjointes de l'OMS, de l'Organisation mondiale de la santé animale et de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Donner un nom à une maladie "devrait être fait dans le but de minimiser l'impact négatif", a déclaré le porte-parole de l’OMS dans un courriel, "et éviter d'offenser tout groupe culturel, social, national, régional, professionnel ou ethnique." De la même manière, au début de la crise du COVID-19, une controverse avait éclaté concernant le nom du virus. L'OMS avait agi rapidement afin d'imposer l'appellation SARS-CoV-2, au lieu de virus de Chine ou de Wuhan.