Teams, Zoom, Google Meet, Skype… "La pandémie a plongé le monde dans une nouvelle approche de l'interaction sociale. Les fêtes en ligne sont devenues un moyen essentiel de socialisation. Pourtant, nous savons peu de choses sur les expériences des personnes au cours de ces échanges virtuels", ont écrit des scientifiques de l'université de l'Illinois à Urbana-Champaign (États-Unis) dans une étude parue dans la revue Clinical Psychological Science.
Analyser le regard
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont recruté 246 adultes. Les volontaires ont été divisés en deux groupes et répartis au hasard. Une partie d’entre eux ont consommé de l’alcool avant la visioconférence et d'autres ont siroté une boisson non-alcoolisée. Ces derniers ont ensuite participé à un échange virtuel.
On leur a demandé de parler de ce qu'ils appréciaient ou non dans la vie de la communauté locale et de discuter de leurs préférences musicales. Durant l’appel vidéo, les adultes pouvaient se voir et voir leurs interlocuteurs sur un écran partagé. Tous les participants ont dû remplir un questionnaire sur leur état émotionnel avant et après la visioconférence.
Pour analyser leur regard, les auteurs ont utilisé la technique de l'oculométrie, qui permet d'enregistrer en temps réel et de façon continue, les pauses et les trajectoires des yeux. Leur objectif était d’examiner le lien entre l'humeur, l'alcool et la concentration pendant une interaction virtuelle.
Influence de l'alcool
D’après les résultats, les volontaires passaient beaucoup plus de temps à regarder leurs interlocuteurs qu'eux-mêmes pendant l'échange. Cependant, il existait des différences significatives au niveau du temps que chaque participant passait à se regarder. "Nous avons constaté que les participants qui passaient le plus de temps à se regarder pendant la conversation se sentaient plus mal après l'appel, même en tenant compte de l'humeur négative qui prévalait avant l'interaction. Et ceux qui étaient sous l'influence de l'alcool passaient plus de temps à se regarder", a expliqué Talia Ariss, auteure principale de l’étude, dans un communiqué.
Selon l’équipe, leurs résultats s'ajoutent à ceux de précédentes recherches suggérant que les adultes qui se concentrent davantage sur elles-mêmes pendant les interactions sociales peuvent être sujettes à des troubles de l'humeur. "Plus une personne est centrée sur elle-même, plus elle est susceptible de déclarer ressentir des émotions correspondant à l'anxiété et même à la dépression", a précisé Talia Ariss.