Un besoin irrépressible de se lever, des picotements et des démangeaisons dans les jambes, surtout la nuit, qui dégradent grandement la qualité du sommeil. Ces symptômes pénibles font partie du quotidien de 2 à 8 % des Français. Ces derniers souffrent de la maladie de Willis-Ekbom, aussi appelée syndrome des jambes sans repos. Dans certains cas, l'exercice peut atténuer les symptômes. Des suppléments de fer peuvent également être nécessaires en cas de carence de ce minéral. Il existe également des médicaments pour les patients les plus gravement touchés, mais beaucoup ont des effets secondaires graves s'ils sont pris trop longtemps.
Jusqu'à présent, un manque de dopamine, une substance chimique qui permet la transmission d’informations entre les cellules nerveuses de la moelle épinière, était associé au syndrome des jambes sans repos ; mais ce dernier serait également lié à un dysfonctionnement de la partie du cerveau qui traite les informations sensorielles. C’est l’explication présentée par des chercheurs de l'Université du Minnesota, dont l'étude a été publiée dans Neurology, la revue médicale de l'American Academy of Neurology.
"Notre étude – la première à montrer des changements dans le système sensoriel avec le syndrome des jambes sans repos, pensons-nous –, a mis en évidence des changements structurels dans le cortex somatosensoriel du cerveau, la zone qui traite les sensations", a déclaré Byeong-Yeul Lee, principal auteur de l'étude.
Le cortex somatosensoriel du cerveau fait partie du système somatosensoriel du corps : il reçoit des informations venant de la surface du corps par l'intermédiaire de neurone relais et de neurones sensitifs. Ce système nous aide à percevoir le toucher, la température, la douleur, le mouvement et la position. Pour les chercheurs, "ces symptômes sont très probablement liés à des changements pathologiques dans cette zone du cerveau".
Des modifications dans le cortex somatosensoriel
L'étude a porté sur 28 personnes souffrant du syndrome depuis 13 ans en moyenne, et victimes de symptômes sévères. Elles ont été comparées à 51 autres participants qui n'étaient pas affectés par le syndrome des jambes sans repos. Chacun d’entre eux a subi un scanner cérébral avec imagerie par résonance magnétique (IRM).
Les chercheurs ont découvert que les personnes atteintes du syndrome des jambes sans repos présentaient une réduction de 7,5 % de l'épaisseur moyenne du tissu cérébral dans le cortex somatosensoriel par rapport aux participants témoins. Ils ont également pu noter que la zone du cerveau où les fibres nerveuses relient un côté du cerveau à l'autre était considérablement réduite.
"Ces changements structurels tendent à prouver que les symptômes du syndrome des jambes sans repos proviennent de modifications uniques dans le cerveau, et révèlent un nouveau domaine à explorer pour comprendre le syndrome et potentiellement développer de nouveaux traitements."
Les recherches suggèrent un lien possible entre les symptômes et les régions du cerveau qui traitent les informations sensorielles, de sorte que le syndrome des jambes sans repos pourrait être lié à une fonction altérée dans d'autres parties du système sensoriel. Cependant, d'autres études devront le démontrer.