L'ostéoporose est une maladie osseuse qui touche une femme sur trois après la ménopause ! Face à ce bilan, et à quelques jours de la Journée mondiale de lutte contre cette maladie dites « des os fragiles », l’Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale (AFLAR) appelait à un rassemblement ce mardi après-midi devant l'Assemblée nationale pour alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d'une meilleure stratégie nationale de prise en charge. Les résultats d’une récente étude pharmaco-économique mettent, il est vrai, en exergue les économies de coûts potentiellement générés par une meilleure prévention et un dépistage étendu de la maladie.
Trop peu de dépistages en France
Ces travaux s'appuient sur des estimations et des extrapolations réalisées par un collectif de sociétés savantes et associations de patients, sur l'impact économique d'un dépistage systématique des femmes à 60 ans. En France, l'ostéodensitométrie est actuellement indiquée et remboursée uniquement dans certains cas très précis.
Une politque que l'AFLAR remet en cause. L'association estime qu'actuellement, « malgré les outils disponibles, l'identification des patientes à risque et l'évaluation adaptée de leur niveau de risque pouvant justifier le cas échéant d'un traitement ou de simples mesures de prévention reste encore largement insuffisante. »
Face à l'augmentation de l'espérance de vie féminine et à l'abandon des traitements hormonaux de la ménopause, l'association craint « une augmentation de l'incidence de l'ostéoporose et du nombre de fractures. » Or, aujourd'hui le nombre d'ostéodensitométries faites chaque année en France ne suit pas la démographie de la population à risque d'ostéoporose, estime l'Aflar.
Des conditions de remboursement trop complexes
Cet examen a pourtant été inscrit au remboursement en 2006, au prix de 40 euros, sur la base d'une estimation d'un million d'examens par an. Mais seulement 420.000 examens seraient réalisés chaque année, selon les extrapolations du collectif.
Et pour l'association, ce sont les conditions de remboursement de cet examen complémentaire « parmi les plus complexes », qui décourageraient les généralistes de le prescrire.
Après avoir augmenté en 2006, probablement du fait de l'annonce du remboursement, le nombre annuel d'ostéodensitométries a modérément diminué depuis pour atteindre à présent un plateau, précise-t-elle.
L'Aflar recommande donc un allègement des conditions de remboursement qui entraînerait automatiquement, selon elle, des économies par la réduction du nombre de fractures.
Un meilleur dépistage pour faire des économies
En effet, d'après cette étude, si toutes les femmes recevaient une ostéodensitométrie à 60 ans, cela coûterait 17 millions d'euros. Or les 51.000 fractures de hanche annuelles coûtent entre 765 millions et 867 millions d'euros.
Si l'ostéodensitométrie peut éviter 17 fractures pour 1.000 femmes de plus de 65 ans testées, un élargissement de l'examen à toutes les femmes de 60 ans préviendrait 7.140 fractures, soit une économie de 107 millions à 121 millions d'euros dans les 10 années à venir.
Les coûts des traitements médicamenteux ne devraient pas augmenter
Enfin, ce collectif estime que le développement de ce dépistage ne devrait pas entraîner d'augmentation des coûts liés aux traitements médicamenteux. Actuellement, 27,3 % des femmes bénéficiant d'une ostéodensitométrie sont ensuite traitées. La tendance actuelle n'est pas à la prescription élargie de ces traitements. Leur nombre a, en effet, diminué de 19 % entre 2010 et 2011.
On estime, par ailleurs, à 5 % le nombre de femmes de 60 ans justifiant d'un traitement contre l'ostéoporose après une ostéodensitométrie. Si un tel examen était proposé systématiquement à 60 ans, cela entraînerait 21.000 mises sous traitement, pour un coût total de 31,5 millions d'euros en se basant sur une durée de traitement de cinq ans.
Ainsi, au final, « même en intégrant le coût des traitements, l'ostéodensitométrie systématique à 60 ans permettrait de réaliser des économies considérables », conclut l'association. D'après ses estimations, l'examen et les traitements reviendraient à 48,5 millions d'euros, pour 107 à 120 millions d'économies concernant les fractures sur 10 ans.