On le sait : les relations sociales ont une influence sur la santé mentale. "La capacité à jouer avec d’autres enfants peut être un facteur de protection contre les difficultés de santé mentale rencontrées durant l'enfance, mais il manque des preuves empiriques de cette hypothèse", ont indiqué des chercheurs de l’université de Cambridge en Angleterre. C’est pourquoi ils ont décidé de réaliser des travaux, dont les résultats ont été publiés dans la revue Child Psychiatry & Human Development le 14 juin.
Une étude menée auprès de 1.676 enfants
Pour les besoins de cette recherche, les scientifiques ont analysé les données de 1.676 enfants recueillies lorsqu'ils étaient âgés de trois et sept ans. Ces dernières comportaient un dossier, fourni par les parents et les personnes qui s'occupaient des tout-petits, sur la façon dont les enfants jouaient dans différentes situations à l'âge de trois ans.
Afin d’étudier le lien entre le fait de jouer avec les autres et les symptômes de problèmes de santé mentale possibles (l’hyperactivité, des problèmes comportementaux et émotionnels) à l'âge de sept ans, l’équipe a analysé deux sous-groupes d'enfants. Il s'agissait des enfants à forte "réactivité", à savoir facilement perturbés et difficiles à calmer durant la petite enfance, et des enfants à "faible persistance", soit des tout-petits qui ont du mal à persévérer face à une tâche difficile.
Un effet protecteur sur la santé mentale
D’après les résultats, les enfants qui avaient une meilleure capacité à jouer avec leurs copains à l'âge de trois ans présentaient systématiquement moins de signes de mauvaise santé mentale quatre ans plus tard. Ils avaient tendance à être moins hyperactifs, à moins se battre ou à avoir des désaccords avec d'autres enfants. Les parents et les enseignants ont également signalé moins de problèmes de comportement et de problèmes émotionnels.
"Nous pensons que ce lien existe parce qu'en jouant avec les autres, les enfants acquièrent les compétences nécessaires pour nouer des amitiés solides lorsqu'ils grandissent et commencent l'école. Même s'ils risquent de souffrir d'une mauvaise santé mentale, ces réseaux amicaux leur permettront souvent de s'en sortir", a déclaré Jenny Gibson, auteur de l’étude, dans un communiqué.
Défis inattendus
Les auteurs ont précisé que jouer avec ses copains avant même d’aller à l’école obligeait souvent les enfants à résoudre des problèmes et à faire face à des défis inattendus. "Ce qui compte, c'est la qualité, plutôt que la quantité. Jouer avec d’autres d’enfants encourage les tout-petits à collaborer ou à partager", a expliqué Vicky Yiran Zhao, qui a également participé à ces travaux.
Selon l’équipe, ces résultats suggèrent que le fait de donner aux tout-petits susceptibles d'être vulnérables aux problèmes de santé mentale l'accès à des occasions bien encadrées de jouer avec d’autres enfants pourrait être un moyen d'améliorer considérablement leur santé mentale à long terme.