Environ 150 000 accidents vasculaires cérébraux (AVC) surviennent chaque année en France. Selon la Fondation pour la recherche sur les AVC, 60% des victimes d’AVC conservent des séquelles neurologiques plus ou moins importantes : déficit moteur, troubles du langage, troubles sensitifs ou visuels. Malgré cela, certaines personnes constatent un "bénéfice" de cet accident : elles parviennent à arrêter de fumer brutalement. Ces cas ont intéressés des chercheurs de l’hôpital Brigham and Women’s, situé à Boston. Ils ont constaté que les lésions cérébrales, générées par l’AVC, permettent de stopper l’addiction. Leurs résultats sont publiés dans Nature Medicine.
Des lésions à cibler
Les auteurs ont utilisé les données de deux cohortes de patients dépendants à la nicotine qui ont ensuite subi une lésion cérébrale, généralement à la suite d'un accident vasculaire cérébral. Ils ont comparé les lésions chez des patients incapables d'arrêter de fumer à des lésions ayant entraîné une rémission de la dépendance au tabac. Ensuite, ils ont cartographié ces lésions dans le circuit cérébral global. Les participants fumaient quotidiennement et étaient âgés de 56 ans, en moyenne.
Les auteurs de l’étude ont découvert que les lésions qui ont conduit à l’arrêt du tabac correspondaient à un circuit cérébral spécifique. En comparant ces données à une autre étude sur les lésions associées à un risque réduit d’alcoolisme, ils ont remarqué qu’il s’agissait du même circuit cérébral. Selon eux, cela signifie qu’il pourrait y avoir une voie neuronale spécifique, à cibler pour interrompre la dépendance, quelle que soit la substance.
Une piste prometteuse
"En regardant au-delà des régions cérébrales particulières et en s’intéressant à la place au circuit cérébral global, nous avons trouvé des cibles pour la rémission de la dépendance et nous sommes impatients de les tester dans des essais cliniques", se réjouit Michael Fox, co-auteur de l’étude et chercheur au département de neurologie du Brigham. "Bien que nos découvertes pointent vers des cibles thérapeutiques pour la dépendance, nous devons tester ces cibles dans des essais cliniques randomisés."
La stimulation cérébrale profonde, appelée stimulation magnétique transcrânienne, est déjà utilisée pour lutter contre la dépendance à l’alcool. Autorisée aux États-Unis, elle est encore peu développée en France. En 2021, le service d’addictologie du CHU de Dijon a lancé une campagne de recrutement pour tester cette méthode sur différentes addictions.