La santé passe aussi par l’assiette. Une étude parue dans Nature Communications le prouve une nouvelle fois. Ses auteurs se sont intéressés à l’impact d’une alimentation riche en graisses saturées sur la progression du cancer. Ils constatent que ce type de régime contribue à la croissance des tumeurs, à cause de l’expression d’un gène en particulier.
Une croissance plus importante des tumeurs
Le gène MYC, sur-exprimé dans certains cancer, a été observé par les chercheurs dans ces travaux, réalisés sur des souris. Deux types d’animaux de laboratoire ont été utilisés : des souris "normales" et des souris sujettes au cancer de la prostate qui surexpriment le gène MYC. Dans chacun de ces deux groupes, deux types d’alimentation ont été testés : un régime riche en graisses et un autre plus classique. Le régime riche en graisses était associé à davantage d’obésité et à du diabète léger chez les deux types de souris. Pour celles ayant une surexpression du gène MYC, cela a également engendré une croissance plus forte des tumeurs, devenues aussi plus agressives.
Pour les auteurs, ces conséquences sont consécutives à "des changements épigénétiques". La surexpression de MYC conjuguée à des régimes riches en graisses bloquent l'ajout de groupes méthyle à l’ADN, or ils servent normalement à réduire l'expression des gènes favorisant la croissance du cancer. "Un régime riche en graisses provoque des changements métaboliques et épigénétiques qui favorisent la croissance des cellules cancéreuses et contribuent à une plus grande létalité du cancer de la prostate", conclut le Dr Massimo Loda, co-auteur de l’étude et président du département de médecine de laboratoire de Weill Cornell Medicine, à New-York.
Des liens similaires constatés chez l’humain
L’équipe de recherche a voulu ensuite comprendre si ces changements liés à l’alimentation étaient valables chez l’Homme. Pour ce faire, les différents auteurs ont analysé les données et les échantillons de 319 patients atteints d'un cancer de la prostate, avec notamment leurs réponses à des questionnaires nutritionnels. Les patients suivant un régime riche en graisses, qu'ils soient obèses ou non, avaient une plus grande expression des gènes du cancer liés à MYC et étaient plus à risque de décéder de leur cancer, en comparaison aux patients suivant un régime pauvre en graisses.
Avant l'étude, "la plupart de ces patients n’avaient pas eu de surexpression de MYC", précisent les auteurs. Cela sous-entend qu'un régime riche en graisses suffisait à lui seul à favoriser la progression tumorale. "Si vous modifiez le régime alimentaire du patient, vous pouvez réduire l'agressivité de la tumeur", estime le Dr Massimo Loda. Chez les souris, le passage d’une alimentation riche à une alimentation pauvre en graisses a eu des effets bénéfiques sur le cancer. D’autres essais seront nécessaires pour vérifier ces résultats sur l’humain.