C’est un bond dans l’évolution du traitement du cancer. Un appareil, le Papillon 50, permet de soigner le cancer du rectum sans que les patients n’aient à subir de chirurgie. Utilisé au centre Antoine-Lacassagne de Nice (Alpes-Maritimes), il a été présenté et reconnu lors du congrès de l’American Society of Clinical Oncology. "Cette reconnaissance c’est comme quand on envoie une fusée sur la Lune et qu’elle atteint l’orbite, c’est la même sensation", se réjouit Jean-Pierre Gérard, radiothérapeute au centre de lutte contre le cancer de Nice, dans un entretien à 20 minutes.
Une alternative importante pour les patients
Aussi appelée thérapie de contact ou brachythérapie, le traitement par Papillon 50 est une alternative qui pourrait changer la vie des patients atteints de cancer du rectum. Jusqu’ici la prise en charge de leur maladie reposait généralement sur la chirurgie abdominale, accompagnée de chimiothérapie et/ou radiothérapie, mais souvent elle impliquait de porter une poche de colostomie, pour recueillir les selles.
La technique a été inventée dans les années 1940, par le Professeur Papillon, basé à Lyon. Jean-Pierre Gérard a été l’un de ses assistants. "La méthode était tombée dans l’oubli dans les années 1990 et c’est un appareil qui coûte cher. Philipps, qui s’occupait de la fabrication, a arrêté dans les années 2000", raconte-t-il à 20 minutes. En 2004, il lance une première étude pour relancer l’appareil, puis une seconde étude, d’envergure internationale en 2014, appelée Opera, pour Organ Preservation in Early Rectal Adenocarcinoma. Les résultats ont été publiés le 2 juin 2022, à la suite du congrès de l’American Society of Clinical Oncology. Le traitement "classique", par chimiothérapie et radiothérapie externe, était efficace à 60%, le traitement avec le Papillon 50 a permis d’éliminer la tumeur chez 90% des patients. Malgré ces résultats encourageants, la machine est limitée à un type spécifique de tumeur : celle qui sont inférieures à 5 cm de diamètre.
Une application pour d’autres tumeurs ?
Pour le Pr Gérard, la technique présente toutefois un espoir. "Cette machine pourrait également être efficace pour les paupières, la bouche, le vagin et sur tout le corps à la surface, affirme-t-il auprès de nos confrères de 20 minutes. Plus de 10 % de tous les cancers en France pourraient bénéficier de cette technique." Pour l’heure, seulement trois appareils de ce genre existent en France.