"Le pronostic du cancer de l’œsophage est sombre", rappelle la Société nationale française de gastro-entérologie. Une nouvelle étude parue dans la revue spécialisée Cell Reports Medicine, pourrait améliorer les chances de survie des personnes atteintes. Des scientifiques du Centre de recherche contre le cancer britannique ont découvert qu’un médicament, utilisé contre la dysfonction érectile, permet de renforcer les effets de la chimiothérapie, dans le cas du cancer de l’oesophage.
Résistance à la chimiothérapie
Le traitement, connu sous le nom d'inhibiteur de la PDE5, peut bloquer la résistance à la chimiothérapie en ciblant des cellules appelées fibroblastes associés au cancer (CAF) situées dans la zone autour de la tumeur. Celles-ci participent à la croissance de la tumeur en l’alimentant et en la recouvrant, ce qui bloque l’action des traitements comme la chimiothérapie. Les chercheurs du Cancer Research UK ont d’abord constaté que les niveaux de PDE5, une enzyme présente dans la paroi des vaisseaux sanguins, sont plus élevés dans l'adénocarcinome de l'œsophage que dans des tissus sains. Des niveaux élevés de PDE5 ont ensuite été trouvés dans les CAF, et une expression élevée de cette enzyme est associée à une survie globale plus faible.
Inhiber l’enzyme
Après cette première découverte, les chercheurs ont testé un inhibiteur de PDE5, utilisé dans le traitement de la dysfonction érectile. "Développer de nouveaux médicaments contre le cancer est extrêmement important, mais le faire à partir de zéro est un processus difficile, et beaucoup échouent en cours de route, rappelle Michelle Mitchell, directrice générale de Cancer Research UK. Nous avons tenu à déterminer si les médicaments existants, homologués pour d'autres maladies, peuvent être efficaces dans le traitement du cancer."
Pour tester son action dans le cancer de l’oesophage, les scientifiques ont prélevé des échantillons de cellules tumorales dans 15 biopsies de huit patients afin de créer des tumeurs artificielles cultivées en laboratoire. Sur elles, les scientifiques ont testé une combinaison de PDE5 et de chimiothérapie standard. Sur les 12 échantillons de patients dont les tumeurs n’ont initialement pas répondu à la chimiothérapie, neuf sont devenus sensibles à la chimiothérapie standard grâce à cette méthode.
De futurs travaux
Pour les auteurs, ces résultats sont la preuve que "les inhibiteurs de la PDE5 associés à la chimiothérapie pourraient réduire certaines tumeurs de l'œsophage plus que la chimiothérapie seule, s'attaquant à la résistance à la chimiothérapie, qui est l'un des principaux défis du traitement du cancer de l’œsophage". La prochaine étape de leurs travaux sera un essai clinique de phase I et II pour tester un inhibiteur de la PDE5 en association avec la chimiothérapie chez des patients atteints d'un cancer de l'œsophage avancé.