L’ONU avait prévenu : sur les deux premiers mois de 2022, les cas de rougeole allaient augmenter de 79 % dans le monde. Et c’est un fait : on assiste aujourd’hui à une hausse spectaculaire du nombre de cas de rougeole.
Maladie virale grave
Ce n'est pas une tendance nouvelle : entre 2016 et 2019, le nombre de cas de rougeole signalés dans le monde avait déjà augmenté de 50 %, mais elle est inquiétante. En effet, cette maladie reconnaissable à des plaques rouges sur tout le corps est une maladie virale grave et très contagieuse : “elle peut être contractée à tout âge et peut entraîner de graves complications – parfois mortelles” explique Raúl Rivas Gonzalez, professeur de microbiologie, Université de Salamanque (Espagne) dans The Conversation.
Les complications vont de l’otite et la diarrhée à des atteintes du foie, des reins, des poumons ou des yeux et dans un cas sur mille, on observe des complications neurologiques. “Outre ses effets directs sur l’organisme, qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital, le virus de la rougeole affaiblit le système immunitaire et rend l’enfant plus vulnérable pendant plusieurs mois à d’autres maladies infectieuses telles que la pneumonie et la diarrhée” précisent l’OMS et l’Unicef.
“Fête de la rougeole”
Selon Gonzalez, plusieurs facteurs expliquent cette augmentation du nombre de cas: “d’après une analyse de l’épidémie de rougeole de 2018-2019 à New York, la plus importante du pays depuis près de trois décennies, il est apparu qu’il y avait eu une vaccination tardive des jeunes enfants combinée à des contacts accrus entre eux… probablement lors de « fêtes de la rougeole » organisées pour infecter délibérément les enfants” écrit Gonzalez, qui condamne fermement cette pratique.
Mais les perturbations des systèmes de santé liées à la pandémie de COVID-19 sont également en cause estiment l’OMS et l’Unicef. "En 2020, 23 millions d’enfants dans le monde n’ont pas reçu les vaccins infantiles de base par le biais des services de santé de routine, le nombre le plus élevé depuis 2009, et 3,7 millions de plus qu’en 2019", selon l’OMS et l’Unicef.
Méfiance
Autre raison évoquée : la méfiance de certaines populations envers les vaccins malgré le fait qu’entre 2000 et 2018, la vaccination a permis d’éviter environ 23,2 millions de décès. C’est le cas notamment en France. Une enquête mondiale portant sur 67 pays et publiée en 2016 a révélé que la confiance dans la sécurité des vaccins en France était la plus faible au monde.
“Heureusement, selon les données de 2020, la confiance dans l’intérêt et la sécurité du vaccin contre la rougeole a nettement augmenté dans un grand nombre de pays. De façon générale, dans l’Union européenne, elle est considérée comme élevée” indique Raúl Rivas Gonzalez.