C’est la première fois de l’Histoire que le dérèglement climatique est cité comme « cause sous-jacente » de souffrance par un médecin. Une Canadienne de 70 ans est devenue la seule patiente au monde à être diagnostiquée comme victime du « changement climatique », après avoir contracté des difficultés respiratoires à la suite d’une vague de chaleur historique.
Il faut traiter la cause, non les symptômes
Au Canada, 570 personnes sont mortes en juin alors que les températures ont frôlé le pic des 50 °C – un record dans le pays. Des décès « liés à la chaleur », selon les autorités. Ils viennent gonfler les tristes rangs des 150 000 personnes qui meurent chaque année dans le monde des conséquences du dérèglement climatique, selon les statistiques de l’OMS.
Mais cela reste la première fois que les termes « changement climatique » sont inscrits noir sur blanc dans le diagnostic d’un professionnel de santé. A Glacier Media, le docteur Kyle Merritt a déclaré que « si nous ne nous intéressons pas à la cause sous-jacente et que nous nous contentons de traiter les symptômes, nous allons continuer à prendre de plus en plus de retard » dans la lutte pour le climat.
Une qualité de l’air bien pire que le niveau « acceptable »
Le médecin urgentiste a expliqué que la patiente septuagénaire souffrait d’asthme, de diabète et d’une insuffisance cardiaque, et vivait dans une caravane sans climatisation. « Tous ses problèmes de santé ont été aggravés » par la vague de chaleur, qui a fait exploser le nombre d’incendies de forêts et rendu la qualité de l’air 43 fois plus néfaste que les niveaux dits « acceptables » pour juillet et août.
Contactée par Euronews, Marina Romanello, l'une des auteurs du rapport 2021 de la revue médicale internationale The Lancet sur la santé et le changement climatique, a salué la « décision très sage » du médecin. « C'est vraiment génial que les professionnels de la médecine commencent à apporter de la visibilité au fait que le changement climatique est un danger pour la santé. »
En février dernier, un rapport scientifique intitulé « La santé des Canadiens et Canadiennes dans un climat en changement : faire progresser nos connaissances pour agir » tirait déjà la sonnette d’alarme. « La hausse des températures entraîne davantage de vagues de chaleur, de feux de forêt, de décès liés aux tempêtes violentes et aux inondations, ainsi qu’une augmentation des maladies respiratoires comme l’asthme et l’expansion des zoonoses comme la maladie de Lyme », alerte ainsi l’Institut national de santé publique du Québec, qui a participé à la rédaction de l’enquête. Et appelle aujourd’hui les gouvernements à « verdir les milieux de vie, protéger les sources d’eau et les rives », ou encore « adapter les bâtiments » au réchauffement planétaire.