C’est du jamais vu depuis 1984, année d’enregistrement du dernier cas au Royaume-Uni. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mercredi que des traces du virus de la poliomyélite avaient été retrouvées dans des eaux usées d’une station d’épuration située au nord de Londres, où vivent quatre millions de personnes.
Si « aucun cas » n’a été constaté à ce jour, c’est la stupéfaction chez les autorités sanitaires, alors que l'agent pathogène est sur le point d’être rayé de la surface du globe grâce à des décennies de vaccination. En Europe, elle est officiellement déclarée éradiquée depuis 20 ans, quasi jour pour jour.
Des échantillons « génétiquement liés » entre eux
Le poliovirus est responsable de la poliomyélite, une maladie extrêmement contagieuse transmise par le biais des selles contaminées et d’un manque d’hygiène. Le plus souvent asymptomatique ou causant des symptômes comparables à une grippe, elle peut provoquer dans certains cas (moins de 1 %) une paralysie permanente, de lourds handicaps, voire la mort.
Les autorités sanitaires prennent la menace au sérieux. Si, depuis quelques années, plusieurs échantillons d’eaux usées du Royaume-Uni sont déjà revenus positifs à la polio, c’est la première fois que de tels échantillons sont « génétiquement liés » entre eux, selon l’OMS. Les traces retrouvées correspondent à un « poliovirus circulant dérivé d'une souche vaccinale » (ou PVDVc). Une forme rare mais de plus en plus fréquente ces derniers temps à cause des faibles taux de vaccination parmi une frange de la population.
Un appel à la vigilance
Ce virus peut également être détecté dans les selles après avoir reçu un vaccin antipoliomyélitique oral (VPO), qui est conçu à partir d'une forme atténuée du poliovirus vivant, rappelle FranceInfo. Le VPO n'est plus utilisé au Royaume-Uni depuis 2004, mais plusieurs pays continuent de s’en servir. Le scénario le plus probable est qu'un individu récemment vacciné avec le VPO dans un autre pays soit entré au Royaume-Uni avant février. Pour certains épidémiologistes, l’origine est plutôt à chercher du côté des personnes qui ne sont pas à jour de leur vaccination.
Un appel à la vigilance a été lancé par l’OMS : « Tous les pays, en particulier ceux qui ont un volume élevé de voyages et de contacts avec les pays et zones touchés par la polio, doivent renforcer la surveillance afin de détecter rapidement toute nouvelle importation de virus et de faciliter une réponse rapide », alerte l’agence sanitaire onusienne.