Dans un accident de la route sur cinq, la somnolence est en cause. Elle concerne tous les conducteurs, même si une personne atteinte de syndrome d’apnée du sommeil (SAS) est plus exposée. Une étude publiée ce 15 octobre dans le Journal of Clinical Sleep Medicine a étudié le rôle que joue l’apnée du sommeil dans les accidents de voiture. Les personnes qui ont participé à l’étude étaient majoritairement des hommes, d’âge moyen, généralement obèses. Globalement, les hommes sont plus touchés par le SAS que les femmes.
Un apnéique sur 10 s'est endormi au volant
Une somnolence diurne excessive est souvent associée à une apnée obstructive du sommeil. Elle contribue à augmenter le nombre d’accidents de voiture, particulièrement chez les hommes. Selon l’étude, les hommes souffrant de somnolence élevée ont 25% de risque supplémentaire d'être impliqués dans un accident de voiture. Ils sont aussi cinq fois plus concernés par des situations dangereuses qui auraient pu créer un accident. L’apnée accroît le risque chez les femmes, mais avec un moindre impact.
La plupart des patients apnéiques avouent avoir eu un accident (69%). Parmi eux, un sur dix s’est endormi au volant. Au sein de la même population, 8% de ceux qui ont failli avoir un accident se sont endormis lorsqu’ils conduisaient. Et l’apnée du sommeil, lorsqu’elle n’est pas traitée, triple le taux d’accident par rapport à la population générale.
Un traitement par oxygénation réduit les risques d’accidents
Le lien entre apnée du sommeil et accident de la route est donc clair. Mais, pourquoi le SAS n'a pas le même impact chez les hommes et chez les femmes ? Selon l’étude, cela peut s’expliquer par une perception des symptômes. Les femmes ont tendance à mieux les prendre en compte, et éviteront de conduire pour ne pas causer d’accident. Un comportement de prudence qui s’observe moins chez les hommes.
Des études précédentes ont démontré qu’en traitant l’apnée du sommeil, la somnolence se réduit. Ainsi, oxygéner un apnéique pendant la nuit diminue les risques d’accident. Il est par ailleurs fortement conseillé aux personnes touchées par l’apnée de se faire traiter. C’est particulièrement le cas des chauffeurs professionnels, dont on estime que 20 à 50% sont apnéiques. Une condition qui pourrait être liée à la nature sédentaire de leur métier, selon l’étude.
Peu de lois punissent la conduite en état de somnolence
Aux Etats-Unis, où l’étude a été menée, peu de lois limitent la conduite en état de somnolence. Certains Etats la traitent comme un délit, d’autres comme un crime. A l’échelle fédérale, les sociétés de transports ont l’obligation de faire traiter leurs chauffeurs. Chez les particuliers, la Federal Motor Safety Administration met en garde contre les risques liés à la conduite lorsque l’on souffre d’apnée du sommeil.
En France, l’hypersomnolence est une contre-indication à l’obtention du permis de conduire. Il est également recommandé aux apnéiques de ne pas prendre le volant lorsqu’ils sont fatigués. Il ne faut toutefois pas diaboliser l’association entre conduite et apnée du sommeil. On estime que sur les 2 millions d’apnéiques en France, 65% ne causeront pas d’accident au cours de leur vie.