- Initialement, l'hydroxychloroquine est un traitement préventif et/ou curatif du paludisme.
- Dès 2020, le gouvernement français a abrogé les dérogations qui permettaient de prescrire de l'hydroxychloroquine à l'hôpital pour traiter les patients atteints de formes sévères de la Covid-19.
C’est une étude française qui dresse le bilan : plus de 16 000 morts dues à l’hydroxychloroquine administrée au début de l’épidémie de la Covid-19 dans certains hôpitaux, notamment dans celui de Marseille puisque le Professeur Didier Raoult défendait ce traitement. Depuis, son efficacité pour traiter le coronavirus a été contestée par une large partie de la communauté scientifique.
16 274 morts dans huit pays
Très précisément, les chercheurs de l’université de Lyon estiment que le nombre de morts à cause de ce traitement serait de 16 274 dans huit pays, dont la France. Pour parvenir à ce résultat, ils ont analysé les données de santé de 96 032 patients hospitalisés et testés positifs à la Covid-19 entre le 20 décembre 2019 et le 14 avril 2020 dans 671 hôpitaux de huit pays. Parmi eux, seules 14 888 personnes ont reçu ce type de traitement dans les 48 heures. Les autres 81 114 patients qui n’ont pas reçu ce traitement faisaient partie d’un groupe témoin.
Un taux de mortalité plus élevé chez les patients traités
Le taux de mortalité de ce groupe témoin était de 9,3%, bien moins élevé que celui des patients sous traitement. Dans le détail : “Ces taux étaient de 16,4% avec la chloroquine seule, 22,2% avec la chloroquine + un macrolide (un type d’antibiotiques), 18% avec l'hydroxychloroquine seule et 23,8% avec l'hydroxychloroquine + un macrolide, peut-on lire sur le site APMNews. Après ajustement sur les covariables (âge, sexe, comorbidités, sévérité de la maladie...), tous les traitements ont été associés à un surrisque significatif de décès à l'hôpital par rapport à une absence de traitement. Ce surrisque était compris entre 34% et 45% selon les traitements, le risque le plus élevé étant observé avec l'association hydroxychloroquine + macrolide”.
Pas de données précises
L’une des limites de cette étude est la difficulté à recueillir des données précises sur l’utilisation d’hydroxychloroquine au début de la pandémie. Des informations qui ne sont pas toujours disponibles et consultables par les chercheurs. "On ne cherche pas à produire un résultat exact, on voulait surtout montrer quelles peuvent être les conséquences concrètes lorsque l’on prescrit un médicament potentiellement toxique", explique le Pr Jean-Christophe Lega au Parisien.
L’hydroxychloroquine “a aussi pu priver de chances des gens”
Invité de l’émission C à vous sur France 5, le professeur Arnaud Fontanet, chercheur à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique, n’a pas souhaité commenté l’étude mais a estimé que "le fond de la question, c'est que ce traitement, qui n'était pas efficace et on l'a vu très vite et qui a provoqué des effets indésirables et une légère surmortalité, a aussi pu priver de chances des gens qui se croyaient protégés alors qu'ils ne l'étaient pas". Une réalité du début de l’épidémie, lorsque des patients sont même allés jusqu’à s’auto-médiquer de l'hydroxychloroquine…