- David Bennett ne pouvait pas recevoir de greffe "classique".
- Le patient savait qu’il s’agissait d’une procédure expérimentale dont les risques et les avantages étaient inconnus.
Atteint d’une maladie cardiaque au stade terminal, David Bennett, un Américain âgé de 57, a reçu la première greffe chez l’être humain d’un cœur de porc génétiquement modifié. L’intervention chirurgicale a eu lieu le 7 janvier. "Après l'opération, le cœur transplanté a très bien fonctionné pendant plusieurs semaines", ont indiqué les médecins de l’hôpital de l'université du Maryland aux États-Unis qui suivaient le patient. Deux mois après la transplantation, le quinquagénaire est décédé.
Son cœur a presque doublé de volume
Pour comprendre les causes de sa mort, les chirurgiens ont examiné toutes les parties du corps de David Bennett. Le 22 juin, ils ont publié les résultats de leur enquête, encore en cours, dans la revue The New England Journal of Medicine. D’après l’autopsie, le cœur du patient avait presque doublé de volume à sa mort. L’étude a dévoilé aucun signe de rejet. "L'examen a révélé une nécrose myocytaire éparse, un œdème interstitiel et une extravasation de globules rouges, sans preuve de thrombose microvasculaire, des résultats qui n'étaient pas compatibles avec un rejet typique", ont précisé les spécialistes.
Quarante-neuf jours après la transplantation, "nous observons un épaississement puis un raidissement du muscle cardiaque qui a conduit à une insuffisance cardiaque diastolique, ce qui signifie que le muscle cardiaque n'a pas été en mesure de se détendre et de remplir le cœur de sang", a déclaré le Dr Muhammad Mohiuddin, directeur scientifique du programme de xénotransplantations de l’hôpital.
Un virus porcin présent dans le cœur greffé
Des recherches sont en cours pour identifier les mécanismes responsables de ces changements. Selon l’équipe américaine, plusieurs facteurs ont pu provoquer et le décès de David Bennett. Les chercheurs ont constaté que le cœur du porc contenait de l’ADN d’un virus porcin, appelé "cytomégalovirus porcin (CMV)", alors que cet animal était censé être "propre". La présence de ce virus aurait pu être à l’origine de la défaillance cardiaque.
Autre cause possible : l’usage d'immunoglobuline intraveineuse (IVIG), à savoir un médicament prescrit deux fois au patient durant le deuxième mois après la transplantation pour prévenir le rejet et l'infection. Ce traitement, contenant des anticorps contre les cellules porcines, aurait pu interagir avec le cœur greffé et endommager le muscle cardiaque.
Actuellement, des analyses supplémentaires sont réalisées, car le virus humain de l’herpès 6 a été identifié dans les poumons du quinquagénaire et aurait pu réagir avec le cytomégalovirus (CMV) porcin. "Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la transplantation d'organes. Bien que nous ayons encore du chemin à parcourir avant que la xénotransplantation ne devienne une réalité quotidienne, cette chirurgie historique met à notre portée un avenir que beaucoup n'auraient jamais cru possible", ont conclu les médecins.