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Addiction

Drogue : nouvelle alerte sur l’usage détourné du gaz hilarant

Par Mégane Fleury

C'est devenu une drogue, voire une addiction. Une alerte sur l’usage détourné du gaz hilarant a été lancée. 

Neydtstock/istock
Les effet recherchés sont les rires incontrôlés, la sensation d’ébriété et les distorsions visuelles et auditives.
Depuis le 1er juin 2021, une loi interdit d’offrir ou de vendre du protoxyde d’azote à toute personne mineure.
L’interruption de la consommation provoque un syndrome de sevrage, avec de l’anxiété, de l’agitation et des tremblements.

Depuis quelques années, le gaz hilarant est populaire chez les jeunes. Au départ, le protoxyde d’azote est utilisé en médecine comme anesthésiant et antalgique, et en cuisine, où il est présent dans les cartouches des siphons à chantilly. Mais il est désormais prisé pour les effets euphorisants qu’il entraîne lorsqu’il est inhalé. Cette consommation n’est pas sans risque, rappelle l’Association Française des centres d’Addictovigilance dans un communiqué paru le 23 juin. 

Des cas multipliés par 10 en trois ans 

"Le nombre de cas évalués par le réseau d’addictovigilance a été multiplié par 10 depuis 2019 et le nombre de cas graves est aussi en augmentation", constate l’Association. Environ 500 signalements liés au gaz hilarant ont été comptabilisés en 2021. "On observe une évolution des effets recherchés : de l’euphorie à l’anxiolyse et la défonce", précise le communiqué. L’âge moyen des utilisateurs est de 22 ans, mais un cas sur dix concerne un mineur. 

Des conséquences graves 

L’inhalation de ce gaz présente des risques immédiats, comme le rappelle l’Anses : "asphyxie par manque d’oxygène, perte de connaissance, brûlure par le froid du gaz expulsé de la cartouche, risque de fausse route, désorientation, vertiges et risque de chute." Les accidents de la voie publique, graves voire fatals, sont aussi l’une des conséquences de cette consommation. L’Association Française des centres d’Addictovigilance met également en alerte sur les cas graves. "Le nombre de cas d’atteintes diagnostiquées comme centrales (médullaires) ou périphériques (neuropathies) a triplé entre 2020 et 2021."

Pour les personnes concernées, la survenue de troubles sensitifs et moteurs, comme la perte de la marche, de la sensibilité ou l’incontinence nécessite parfois des rééducations longues et difficiles. "De plus, on observe de nouvelles complications graves notamment cardiovasculaires avec plusieurs cas d’effets thrombotiques rapportés (syndrome coronaire aigu, embolie pulmonaire, thrombose veineuse profonde) favorisés souvent par une hyperhomocystéinémie secondaire à un trouble de la vitamine B12 induit par le protoxyde d’azote", complète l’association. Le gaz hilarant engendre une carence en vitamine B12, essentielle pour le système nerveux. Quand à l’hyperhomocystéinémie, elle correspond à un taux trop élevé d’homocystéine (un acide aminé) dans le sang, et augmente le risque de fracture, de maladies cardiovasculaires et neurologiques. 

Une évolution des usages 

Face à la gravité des risques, l’Association Française des Centres d’Addictovigilance insiste sur la nécessite de sensibiliser les jeunes. Les données récoltées montrent une intensification de l’utilisation du gaz hilarant : les cartouches à siphon sont délaissées au profit des bonbonnes et des bouteilles, "qui représentent plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de cartouches". Dans presque la moitié des cas signalés dans les centres d’addictovigilance, la consommation est quotidienne. Pour certains jeunes, elle atteint même "plusieurs dizaines de bouteilles par jour". Or le CHU de Lyon rappelle que la quantité minimale entraînant des symptômes demeure inconnue.