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Pathologies physiques et psychiques

Les enfants adoptés ont un bon bilan de santé

Par Cécile Coumau avec Fabien Goubet

Les enfants adoptés souffrent de peu de problèmes de santé, et les parents les ignorent rarement, révèle un rapport. Pour la minorité de malades, des centres de soins spécialisés existent.

Ramon Espinosa/AP/SIPA
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Les parents adoptifs redoutent souvent de découvrir que leur enfant est porteur d’une maladie ou d’un handicap, qui leur avait été cachée. Est-ce une crainte sans fondement ? Une étude réalisée à partir des adoptions réalisées en France en 2005, 2008 et 2010, et révélée par Le Figaro, permet de répondre à cette question. Il en ressort que plus du quart des parents adoptifs déclare que leur enfant avait un problème de santé lors de son arrivée dans la famille (27,3%).


Peu de maladies graves dissimulées

Les problèmes de santé étaient connus lors de l’arrivée de l’enfant dans la famille dans seulement un peu plus d’un tiers des cas (36%). Si « cette proportion peut paraitre importante, les problèmes de santé connus et non connus ne sont cependant pas de même nature, soulignent les auteurs du rapport. D’une manière générale, les problèmes de santé les plus graves sont connus tandis que les problèmes de santé les moins graves et les plus courants dans le pays ne sont pas signifiés aux parents. » Par exemple, les maladies telles que les hépatites ou la syphilis sont d’abord rares et quasiment toujours connues des parents avant l’adoption.Quant aux troubles mentaux et du comportement, cette enquête révèle qu’ils ne concernent « que » 4,3% des enfants. Là aussi, les situations les plus graves ne sont pas dissimulées.


Autre donnée rassurante : dans les 7 années qui suivent leur adoption, sept enfants sur dix n’ont rencontré aucune difficulté (hors maladies infantiles classiques). Et les problèmes psychologiques sont moins prégnants que les candidats à l’adoption ne pourraient le craindre. Ils sont 15,2 % à souffrir d’un problème d’ordre psychologique.


Les COCA, des consultations spécialisées pour les enfants adoptés
Pour cette minorité d'enfants adoptés qui ont des problèmes de santé, il existe des structures de soins spécialisés : les consultations d’orientation et de conseil pour l’adoption (COCA). Depuis bientôt dix ans, ce dispositif propose un accompagnement médical et psychologique à près de 250 familles franciliennes. On y reçoit des couples sur le point d’adopter, des familles qui ont récemment accueilli un enfant, et même « certains parents qui continuent à venir avec leur ado » confie Anne de Truchis, responsable de la Consultation d’orientation et de conseil pour l’adoption (COCA) de Versailles. Plus qu’une véritable consultation, il s’agit plutôt d’un accompagnement, d’un suivi psychologique qui ne se substitue pas au suivi médical par le pédiatre attitré. Un service quelque peu méconnu - même si on compte 25 COCA en France -, souvent proposé par des municipalités ou des associations spécialisées. Avec sa collègue, la psychologue Florence de Wailly, elle reçoit chaque famille durant une heure et demi. « Faire les consultations en binôme nous permet d’aborder les problèmes des patients d’une manière pluridisciplinaire, explique la pédiatre, et aussi de nous soutenir mutuellement ». Il faut dire que ces séances sont loin d’être des parties de plaisir. Derrière les apparences, derrière de banales scènes quotidiennes relatées par les parents (refus d’aller au lit, de manger, d’obéir…), se cache parfois une souffrance d’une intensité inouïe. Alors que les deux collègues sont à l’écoute des inquiétudes et des espoirs des parents, elles ne quittent en réalité presque jamais les enfants des yeux. Leurs faits et gestes en disent parfois plus long qu’un long discours.


Des enfants victimes d'un autonomisation forcée

Les enfants semblent souvent autonomes, voire endurcis, même dans ce contexte hospitalier pourtant impressionnant. Mais Anne de Truchis précise : « Il ne s’agit pas d’autonomie mais d’autonomisation forcée. S’ils ne pleurent pas, s’ils n’appellent pas, c’est à cause des abandons successifs qu’ils ont subis. Notre rôle, c’est de les réapprendre à être un enfant ». Pour Florence de Wailly, ces enfants « n’ont pas pu construire de lien d’attachement avec leurs parents. Sans ce dernier, on construit sur du sable et cela aboutit à des personnalités peu empathiques, des enfants peu concernés par leur entourage ». Par leur entourage peut-être, en ce qui concerne les parents, c’est une toute autre histoire.


Aider à devenir parents
Pour leurs parents, ils sont vus comme le centre de l’univers. Ici, un petit garçon de trois ans qui pique de vilaines crises lorsqu’il ne peut pas dormir avec ses parents. Là, une fillette qui, à défaut de faire le bébé pour attirer l’attention de sa mère, mime encore et encore un petit chaton dans les jambes de sa maîtresse. Ou encore cette autre fillette à la peau noire qui souffre des regards de ses camarades de classe car sa mère est blanche. Sous sa panoplie de petite fille modèle, elle peine à dissimuler une profonde souffrance, peut-être par peur de décevoir ou parce que cela lui rappelle cruellement l’absence de lien biologique. Tous ces détails poignants n’échappent pas aux soignants. Mais pas question de donner des solutions toutes faites aux parents. « Il n’y a rien à théoriser, devenir parent, c’est le fruit d’une expérimentation constante, ce sont ces succès et ces échecs qui nous construisent. Nous les incitons à réfléchir par eux-mêmes et à trouver les solutions au fond d’eux » conclut Anne de Truchis. Et ça semble fonctionner : en raison du succès de ce COCA, il faut désormais attendre un an pour être reçu en consultation.