Anxiété, épuisement, médication... Ces deux dernières années, marquées par la crise sanitaire, la guerre en Ukraine et une inflation record, semblent avoir déteint négativement sur le bien-être des jeunes travailleurs.
Selon une étude du groupe de protection sociale Malakoff Humanis, publiée mercredi 6 juillet, les salariés de moins de 30 ans ont en effet une santé psychique plus fragile que l’ensemble des travailleurs.
Le travail en cause
Parmi eux, 23 % jugent ainsi négativement leur santé mentale (contre 16 % pour l’ensemble du corps salarial) et 42 % se déclarent stressés (contre 28 %). Près de la moitié d’entre eux (48 %) déclarent mal dormir (contre 32 %), et un gros tiers (34 %) se dit émotionnellement épuisés (contre 22 %), voire carrément à bout de force (29 % contre 19 % du total des salariés).
Et c’est souvent le travail lui-même qui serait responsable de cet état d’épuisement psychique : 44 % des jeunes qui ont une mauvaise estime de leur santé mentale l’imputent au seul contexte professionnel (contre 35 % des salariés). En cause, selon eux : l’intensité et le temps de travail (67 %) et la dégradation des rapports sociaux au travail (47 %). A tel point que les moins de 30 ans se mettent davantage en arrêt maladie que les autres : par exemple, 36 % en mars 2022 (contre 18 % sur l’ensemble des salariés), alors qu’ils n’étaient que 21 % en mars 2021.
Peu enclins à consulter
Sans surprise, la pandémie et ses mesures de restriction a également eu un impact négatif sur le psychisme des jeunes travailleurs, comme l’annonçait récemment l’OMS dans son rapport sur la santé mentale à travers le monde. Cette année, 56 % des Français moins de 30 ans se déclarent fatigués ou épuisés (contre 49 % en 2019), et 22 % disent consommer des somnifères, des anxiolytiques ou des antidépresseurs (11 % en 2019). Même sur le plan de la santé physique, les jeunes actifs semble moins en forme que leurs aînés, alors que 18 % d’entre eux la jugent mauvaise contre « seulement » 14 % de l’ensemble des salariés.
Problème : les jeunes sont aussi moins enclins à consulter un médecin. Au premier trimestre 2022, le renoncement ou le report de soins concernait près d’un quart des salariés au total, mais pointait à 37 % chez les moins de 30 ans. Les raisons ? En premier lieu le manque de temps, les difficultés à obtenir un rendez-vous et le portefeuille à sec. Pour rappel, selon un sondage BVA de 2019, plus de six Français sur dix (63%) ont déjà dû renoncer à se faire soigner, à cause notamment de délais d'attente trop longs ou d'un reste à charge trop important.