En France, 13 millions et demi de personnes fument quotidiennement, selon le plan national de lutte contre le tabac. Depuis 2020, tous les fumeurs ont dû porter le masque chirurgical ou FFP2 pour se protéger et protéger les autres de la Covid-19. Une pratique qui pourrait être néfaste pour les consommateurs de cigarettes. Selon une étude publiée dans la revue European Journal of Preventive Cardiology, le port du masque amplifierait les ravages du tabac sur l'organisme.
"L’étude suggère que fumer n’importe quel produit de tabac est devenu encore plus dangereux pendant la pandémie de Covid-19 en raison de la nécessité de porter un masque pendant de longues heures. Des recherches antérieures ont montré qu’une fonction vasculaire altérée est liée à des problèmes cardiaques et à une mort prématurée", explique Ignatios Ikonomidis, auteur principal de l’étude.
Plus de monoxyde de carbone expiré par les fumeurs
Les scientifiques estiment que porter le masque multiplierait par deux le monoxyde de carbone expiré et serait aussi très néfaste pour les vaisseaux sanguins. Et ce, qu’il s’agisse de cigarettes traditionnelles ou non-combustibles, c’est-à-dire des petits appareils en forme de cigarette qui réchauffent le tabac sans le brûler, ce qui est censé être moins nocif.
Pour parvenir à ce résultat, les scientifiques ont analysé les données de 40 fumeurs de cigarettes classiques, de 40 utilisateurs d’appareils de tabac brûlé et de 40 non-fumeurs. Ils avaient en moyenne 45 ans et 72 % d’entre eux étaient des femmes. Les chercheurs ont constaté que le monoxyde de carbone expiré par les non-fumeurs ne changeait pas avec ou sans masque. En revanche, chez les fumeurs de cigarettes classiques, le monoxyde de carbone expiré après une respiration profonde est passé de 8,00 parties par millions (ppm) au départ à 12,15 sans masque et à 17,45 ppm avec masque.
Des conséquences sur les vaisseaux sanguins
Enfin, les auteurs ont aussi noté une augmentation des marqueurs sanguins chez tous les fumeurs. "Par rapport aux fumeurs de cigarettes combustibles, les utilisateurs de cigarettes non-combustibles présentaient des niveaux de monoxyde de carbone de base inférieurs et des augmentations plus faibles des lésions vasculaires lorsqu'ils portaient un masque. Néanmoins, les résultats montrent que fumer tout produit du tabac tout en portant un masque peut altérer la fonction des vaisseaux sanguins par rapport aux périodes sans masque, au moins en partie en raison d'une plus grande réinhalation de monoxyde de carbone et/ou de vapeurs riches en nicotine", souligne Ignatios Ikonomidis.
Vers un retour du port du masque ?
Actuellement, il y a une reprise de l’épidémie de coronavirus. Le 7 juillet, plus de 161.265 nouveaux cas ont été détectés en 24 heures. Ainsi, le ministre de la Santé, François Braun, a recommandé aux Français de porter le masque dans les lieux très fréquentés, comme les transports. "Nous avons pris le parti de demander la responsabilité de nos concitoyens plus que la contrainte. Nous sommes à la 7ème vague, il y en aura une 8ème, une 9ème : il faut apprendre à vivre avec ce virus avec les bons gestes", a-t-il déclaré au micro de France Inter.