- Ces travaux sont observationnels : ils montrent une corrélation, mais pas un lien de cause à effet.
- L’étude n’a pas pris en compte la gravité de l’hypothyroïdie.
- La fréquence de l’hypothyroïdie augmente après 65 ans.
La maladie d’Alzheimer est complexe, et ses causes multiples. Selon une étude parue le 6 juillet dans Neurology, elle pourrait être liée à une autre pathologie : l’hypothyroïdie. Ce trouble correspond à une incapacité de la glande thyroïde à produire suffisamment d’hormones. L’Assurance maladie précise qu’il est "responsable de dérèglements physiologiques et psychologiques" : fatigue, prise de poids, rythme du cœur ralenti, baisse de la transpiration, crampes, etc.
Hyperthyroïdie ou hypothyroïdie ?
Pour comprendre les liens entre les deux maladies, l’équipe de recherche a analysé les dossiers médicaux de plus de 7 800 personnes, ayant récemment reçu un diagnostic de démence, à Taïwan. Ils ont comparé ces dossiers à ceux de personnes n'en souffrant pas. Les scientifiques se sont aussi intéressés aux personnes concernées par l’hyperthyroïdie, lorsque la thyroïde produit trop d'hormones. "Les symptômes comprennent une perte de poids involontaire, un rythme cardiaque rapide ou irrégulier, de la nervosité ou de l’anxiété", précisent-ils. Sur l’ensemble des dossiers analysés, 102 personnes souffraient d'hypothyroïdie et 133 d’hyperthyroïdie.
Un risque élevé
Les chercheurs n'ont trouvé aucun lien entre l'hyperthyroïdie et la démence. En revanche, 0,9% des personnes atteintes de démence souffraient également d’hypothyroïdie, contre 0,4% des personnes non concernées. En prenant en compte d’autres facteurs de risque, comme l’âge, le sexe, l’hypertension et le diabète, les chercheurs ont constaté que les personnes de plus de 65 ans, atteintes d’hypothyroïdie, ont 80% plus de risque de développer une démence, en comparaison aux personnes du même âge n’ayant pas de problème de thyroïde. Ce constat n’est pas valable pour les personnes de moins de 65 ans.
Des traitements existent
Dans un second temps, les chercheurs ont comparé les niveaux de risque chez les personnes prenant un traitement contre l’hypothyroïdie et celles n’en ayant pas. Ils ont remarqué qu'elles étaient trois fois plus à risque de développer une démence, par rapport aux autres. "Une explication possible est que ces personnes sont plus susceptibles de présenter des symptômes plus importants d’hypothyroïdie, dans la mesure où un traitement est nécessaire", souligne Chien-Hsiang Weng, l'auteur de l’étude. Il ajoute également que les symptômes de la démence ne sont pas forcément incurables. "Dans certains cas, les troubles thyroïdiens ont été associés à des symptômes de démence qui peuvent être réversibles avec un traitement, précise Chien-Hsiang Weng. Même si d'autres études sont nécessaires pour confirmer ces résultats, les gens doivent être conscients que les problèmes de thyroïde sont un facteur de risque possible de démence."