« La pilule est amère », dans ce livre témoignage sorti ce mercredi, Marion Larat raconte son calvaire devenu un combat. Le 14 décembre 2012, la jeune femme de 25 ans victime d’un AVC, déposait plainte. Désormais handicapée à 65 %, Marion Larat accuse la pilule de 3e génération d'avoir causé l'AVC à l'origine de son handicap. Dans cette première plainte, son avocat, Me Jean-Christophe Coubris, visait le laboratoire Bayer et le directeur général de l'Agence nationale du médicament (ANSM) pour « atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine » et pour non respect du principe de précaution. « Marion Larat n'est pas seule dans sa bataille. De nombreuses autres femmes victimes nous rejoignent tous les jours », confie Jean-Christophe Coubris contacté par pourquoidocteur.
600 dossiers de victimes en cours de constitution
A ce jour, l'avocat bordelais de Marion Larat affirme avoir déposé plus de 80 plaintes entre les mains du Procureur de la République. Le dossier est pour le moment toujours au stade de l'enquête préliminaire et les parties civiles attendent de voir si le magistrat chargé de l'action publique décide ou pas d'envoyer ces plaintes à l'instruction. Si tel est le cas, Me Coubris déclare qu'il a encore 200 plaintes en attente qui seront très certainement déposées si l'instruction est ouverte.
Enfin, ce dernier reconnaît également recevoir tous les jours de nouveaux témoignages spontanés de victimes. A ce titre, 600 autres dossiers de femmes victimes d'une embolie pulmonaire ou bien d'un AVC, imputable selon elles aux pilules dernière génération, seraient en cours de constitution au sein de son cabinet.
Les médecins prescripteurs épargnés, mais jusqu'à quand ?
Interrogé en janvier 2013 par pourquoidocteur, Me Coubris envisagait d'entamer des actions contre des médecins prescripteurs. Pour lui, certains d'entre eux auraient prescrit une pilule dernière génération en 1ere intention, alors qu'il convenait de ne pas le faire. « Un défaut d'information et une prescription qui n'est pas adaptée à la situation », estimait-il. D'un point de vue juridique, l'avocat avançait comme motif « un défaut d'information auprès de la patiente. Je dirais même qu'il y a aussi un défaut de prescription puisqu'ils ont eu la recommandation de ne pas prescrire cette pilule là en première intention. »
Sur ce point précis, Me Coubris veut se laisser du temps. Et précise que pour le moment, ces plaintes concernent uniquement six laboratoires et le directeur général de l'Ansm.
Enfin, toujours sur les prescriptions, l'avocat avoue toutefois être satisfait de la prise de conscience des médecins prescripteurs. « Notre bataille porte ses fruits. Les mentalités sont en train de changer. Une nouvelle vision de la contraception est en train de voir le jour », conclut-il.
En effet, d’après les derniers chiffres de l'Agence, en août 2013, la baisse des ventes de pilules de 3ème et 4ème génération a été de 52,4 % par rapport à août 2012, et dans le même temps les ventes de celles de 1ère et 2èmegénération ont augmenté de 32,2 %. Les ventes d’implants et de stérilets ont pour leur part augmenté de 26 % depuis décembre 2012.