Echaudés par la pandémie de la Covid que les spécialistes n’ont pas vu venir, et qui a déstabilisé le monde, tout nouveau virus met en émoi la planète. C’est le cas de ce Marburg apparu pour la première fois en 1967 dans la ville allemande du même nom. Ce virus provoque des fièvres et des hémorragies très souvent mortelles, dans plus de 50% des cas…
C’est le prototype de virus transmis à l’homme par une chauve-souris que l’on trouve dans les mines de certains pays. Marburg peut aussi se transmettre d’homme à homme, par le seul contact des excrétions du malade avec un homme sain. Il n’existe aucun traitement ou vaccin efficace. Heureusement, le diagnostic est facile à faire. Les mesures d’éviction drastiques et le traitement des cadavres permettent à l’épidémie de régresser très vite. Fin de l’histoire, qui reste théoriquement anecdotique.
Vers un mariage diabolique ?
Alors pourquoi – si on n’est que face à ces contaminations sporadiques certes dramatiques – le monde a-t-il peur de ce virus ? Ce n’est pas le virus de Marburg ou son cousin Ebola – plus connu – qui terrorisent aujourd’hui les spécialistes des maladies infectieuses, mais plutôt l’imminence d’un mariage diabolique. Celui des dieux de la force et du voyage, l’union d’Hercule et de Mercure.
Le dieu de la force, c’est le virus de la grippe aviaire, une machine à tuer que la nature confine à l’organisme de quelques volatiles résistants, mais qui parfois, pour des raisons que l’on connaît mal – promiscuité, manipulations inhabituelles – effectue un passage remarqué chez l’homme. Avec des conséquences effroyables : mortalité proche de 100% et contagiosité maximum. Heureusement, c’est un tueur fragile et casanier. Comme ses frères de l’horreur Ebola ou Marburg qui, régulièrement, déciment un village africain pour se rendormir tout aussi brutalement qu’ils étaient arrivés.
Le dieu du voyage, chez les virus, vous le connaissez bien. C’est celui de la grippe. Volage, il aime l’union libre. C’est pour cela qu’il n’est jamais identique d’une année sur l’autre et que chaque automne, on doit se revacciner. C’est surtout un routard inépuisable dont le tour du monde annuel se traduit par des dizaines de millions de contaminations humaines toujours désagréables, parfois graves et mortelles.
En quarantaine
Le microbe aime les étreintes parfaites. Le résultat est un nouveau virus qui prend les qualités des deux parents. Alors si un jour la grippe aviaire rencontre la grippe traditionnelle, s’unit puis passe chez l’homme, c’est un tueur voyageur, une arme de destruction massive qui s’apprêtera à déferler sur la planète.
Science-fiction ? Hélas non. Ces noces sont, paraît-il, en train de se produire, avec comme témoin de mariage… un cochon ! C’est en effet en passant par l’intermédiaire du porc, un organisme proche de celui de l’homme, que le virus apprend à nous coloniser et nous détruire. Son apprentissage terminé, il ne lui reste plus qu’à entreprendre son tour du monde mortel. Un scénario que craint l’Organisation Mondiale de la santé depuis des années. Les prévisions s’il se réalise sont en cas d’épidémie de plusieurs centaines de milliers de morts rien que pour notre pays.
C’est rappelons-le, l’OMS qui le dit. Des scientifiques qui ont plutôt la réputation de manier la langue de bois. Leur franchise fait aujourd’hui froid dans le dos. Il faut dire que l’histoire est là pour leur rappeler qu’un des derniers mariages de la grippe avec une Espagnole a fait en 1919, 20 millions de morts sur notre planète.
En ce qui concerne Marburg, les 98 personnes identifiées comme cas contacts sont actuellement en quarantaine, ajoute le communiqué officiel des autorités sanitaires, précisant qu’aucun autre cas de Marburg n’a pour l’heure été détecté parmi elles. Les autorités sanitaires disent tout faire pour « protéger la santé de la population », appelant à la coopération « de tous » pour que le virus soit « contenu de manière efficace ».
La suite ne leur appartient pas.