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Sommeil

On se réveille 100 fois par nuit, et c'est bon pour la mémoire !

Par Stanislas Deve

On se réveille plus souvent qu'on ne le croit durant le sommeil, selon une nouvelle étude. Et bonne nouvelle, cela booste notre mémoire !

tommaso79 / iStock
Une « bonne nuit », selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, c’est entre 4 et 6 cycles successifs de 90 minutes en moyenne. Chaque cycle est lui-même constitué de trois phases distinctes: le sommeil lent léger, le sommeil lent profond et le sommeil paradoxal.
En moyenne, un adulte devrait dormir pendant 7h30, soit cinq cycles de 1h30. Avec une moyenne de 6h45 par nuit, selon Santé publique France, les Français sont aujourd’hui un peu loin du compte.

Une bonne nuit de sommeil ne signifie pas forcément un sommeil linéaire et sans interruption. D'ailleurs, sept ou huit heures de dodo d'une seule traite, cela n'existe même pas !

"Nous nous réveillons plus de cent fois par nuit, et cela durant un sommeil parfaitement normal", affirme Cela Kjærby, coauteure d'une étude menée par des scientifiques danois et publiée récemment dans la revue scientifique Nature.

Micro-réveils

On ne parle pas ici d'insomnies ou de troubles du sommeil spécifiques, qui exigent un éventuel suivi médical, mais bien de réveils ou de micro-réveils, communs à tous les mammifères.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs de l'Université de Copenhague (Danemark) ont étudié le sommeil de souris grâce à des capteurs et des fibres optiques microscopiques. Ils ont ainsi observé que le cerveau des rongeurs "se réveille" plus de 100 fois par nuit, mais dans un délai si bref que les endormis ne s'en rendent pas compte et se rendorment aussitôt.

Ce serait, selon les chercheurs, la même chose chez les êtres humains : le dormeur ne se réveille pas à proprement parler à chaque fois - c'est d'ailleurs pour cela qu'il ne s'en souvient pas - mais son activité cérébrale se remet bel et bien en route. "On pourrait dire que les réveils courts réinitialisent le cerveau pour qu'il soit prêt à stocker de la mémoire lorsque vous replongez dans le sommeil", explique Maiken Nedergaard, qui a dirigé la recherche. 

La mémoire améliorée

La cause de cette centaine de réveils nocturnes ? La noradrénaline, une hormone du stress et un neurotransmetteur proche de l'adrénaline, expliquent les chercheurs. Lorsque nous dormons, le niveau de noradrénaline dans le sang augmente et diminue toutes les 30 secondes, suivant un schéma ondulatoire. S'il est élevé, cela signifie qu'on est brièvement éveillé, s'il est faible, qu'on est endormi. C'est la fluctuation des niveaux de noradrénaline qui rend possible les micro-réveils.

En parallèle, l'étude a révélé que plus le niveau de noradrénaline varie pendant le sommeil, meilleure serait la mémoire ensuite. "Les souris [ayant les plus hauts niveaux de variation de noradrénaline] ont développé une 'super mémoire'. Elles avaient moins de mal à se souvenir de choses qu'elles avaient appris la veille. Ce qui suppose que la dynamique de la noradrénaline renforce les processus du sommeil qui affectent notre mémoire", souligne Celia Kjærby.

Pour rappel, ces micro-réveils ne sont pas un trouble du sommeil en soi : ils ne le deviennent que si on ne se rendort pas par la suite. En cas de fatigue chronique, de somnolence répétée ou de difficultés de concentration qui persistent, une consultation médicale est recommandée. En France, plus d'un adulte sur trois dit souffrir d'au moins un trouble du sommeil (insomnies, apnées...).