"Au début de l’année 2021, de nombreuses femmes ont commencé à raconter qu'elles avaient eu des saignements menstruels inattendus après la vaccination contre le SARS-CoV-2", ont écrit des chercheurs de l’université de l’Illinois à Urbana-Champaign (États-Unis) dans une étude publiée dans la revue Science Advances.
Dans le cadre de ces travaux, les scientifiques ont recueilli, d’avril à octobre 2021, les données de 39.129 personnes âgées de 18 à 80 ans grâce à une enquête en ligne. Selon l’équipe, tous les participants étaient entièrement vaccinés (au moins 14 jours après une ou deux doses obligatoires) et n'avaient pas contracté la Covid-19.
Des saignements plus abondants
D’après les résultats, 42 % des volontaires ayant un cycle menstruel régulier ont eu des saignements plus abondants que d'habitude, tandis que 44 % n'ont signalé aucun changement après avoir été vaccinées. Parmi les personnes interrogées qui n'ont généralement pas de règles, 71 % des personnes sous contraceptifs réversibles à action prolongée, 39 % des personnes sous hormonothérapie (dans le cadre d'une transition de genre), et 66 % des personnes ménopausées ont signalé des saignements abondants après une ou deux doses.
"Nous avons constaté que l'augmentation des saignements [et/ou] les métrorragies (des saignements survenant en dehors des menstruations) étaient significativement associés à l'âge, aux effets secondaires systémiques du vaccin (fièvre et/ou fatigue), aux antécédents de grossesse ou d'accouchement et à l'origine ethnique. En général, les modifications des saignements menstruels ne sont ni rares ni dangereuses, mais il est nécessaire de prêter attention à ces cas pour renforcer la confiance dans la médecine", ont expliqué les auteurs.
Le vaccin contre la Covid-19 peut-il être à l’origine d’une ménopause précoce ?
Le 5 juillet, une jeune femme de 23 ans a déclaré sur les réseaux sociaux souffrir d’une ménopause précoce à cause du vaccin anti-Covid. "Depuis ma deuxième dose de Pfizer, j’ai eu six fois mes règles au total en presque 1 an. Après des analyses hormonales et des consultations gynécologiques, le diagnostic tombe : la ménopause", a-t-elle écrit sur Twitter. Contactée par 20 Minutes, la patiente confie avoir eu "des gros retards de règles de plus de 3 mois", "des flux hémorragiques" et "des possibles problèmes de fertilité".
Selon le docteur Geoffroy Robin, secrétaire général Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), "il s’agit dans ce cas d’une association fortuite." Il a expliqué, à 20 Minutes, que la vingtenaire pourrait être prédisposée à développer une insuffisance ovarienne prématurée (soit une ménopause précoce), qui aurait pu se présenter à la même période.
L'Etat invite les femmes concernées à se déclarer
"Aucun autre cas d’insuffisance ovarienne prématurée n’a été rapporté dans les études cliniques. (…) Dans l’immense majorité, ce sont des troubles menstruels transitoires, mineurs et totalement réversibles. Deux types de troubles ont principalement été décrits : soit des troubles de l’ovulation, soit des modifications de l’abondance des règles", a ajouté le médecin.
Malgré les témoignages, les autorités sanitaires n’ont pour l’heure pas établi de lien de cause à effet. Par prudence, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a néanmoins invité les femmes concernées par ces troubles menstruels apparus après la vaccination à les déclarer, directement sur le portail du ministère chargé de la Santé, en indiquant "les renseignements les plus détaillés possibles dans le formulaire de déclaration". L'agence a même mis en ligne un guide d'aide à la déclaration à destination des patientes et des professionnels de santé.