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Neurologie

Dépression : la "théorie de la sérotonine" remise en cause

Par Diane Cacciarella

Un faible taux de sérotonine ne serait pas la seule cause de la dépression… Une découverte qui remet en cause l’efficacité d’une prise en charge avec des antidépresseurs ciblant ce neurotransmetteur. 

demaerre/istock
Un trouble de la dépression peut survenir à tout âge et toucher tout le monde.
La déprime - qui correspond à un moment où le moral est moins bon - est à différencier de la dépression qui se présente comme une succession d’épisodes dépressifs caractérisés.

Une personne sur cinq a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Il s’agit d’une réelle maladie psychique, qui est liée à une perturbation du fonctionnement du cerveau - et non de sa structure - ce qui signifie qu’elle est réversible si elle est prise en charge…

La sérotonine en cause

Actuellement, beaucoup de traitements contre la dépression visent à augmenter les niveaux de sérotonine dans le cerveau, comme ceux dits ISRS… La raison est simple : depuis des années, les scientifiques pensent que cette maladie est liée à un déséquilibre chimique dans le cerveau des patients qui affecte le niveau et le fonctionnement de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine.

Une théorie remise en cause

Une théorie remise en cause par une nouvelle étude publiée dans la revue Molecular Psychiatry car, selon les chercheurs, il n’y aurait pas de preuve qu’une plus petite quantité de sérotonine soit à l’origine d’une dépression. “La conclusion de notre article est que nous ne savons pas à quoi servent les antidépresseurs ISRS”, explique Joanna Moncrieff, psychiatre, chercheuse à l'University College London et autrice de cette nouvelle étude. 

Dépression chronique et épisodique

Néanmoins, certains chercheurs nuancent les résultats de cette étude. Pour Johan Lundberg par exemple, il faudrait davantage différencier les dépressions chroniques des épisodes dépressifs qui affectent également le fonctionnement du cerveau. “Il est essentiel d'analyser séparément les données des études qui examinent les mêmes patients lorsqu'ils sont malades et lorsqu'ils sont en rémission, afin de disposer de conditions optimales pour examiner l'hypothèse, explique ce chercheur suédois de l'Institut Karolinska, au New Scientist.

Effet placebo

Il faut reconnaître que la 5-HT n'est probablement qu'un des facteurs contribuant à la dépression, insiste Paul Albert, spécialiste des neurosciences à l'Université d'Ottawa, au Canada au New Scientist. Compte tenu de l'important effet placebo dans le traitement de la dépression, il est probable que la contribution d'autres systèmes, notamment la dopamine qui est impliquée dans l'effet placebo, soit plus importante que celle de la 5-HT”. 

La façon dont les antidépresseurs agissent sur les patients dépend de beaucoup d’éléments. Mais quelle que soit la prise en charge décidée, il faut respecter la posologie indiquée par son médecin et, surtout, ne pas arrêter le traitement sans lui en avoir parlé en amont. 

Selon l’Inserm, les traitements contre la dépression sont efficaces dans 70% des cas.