- Les médecins estiment qu'en général, toute personne faisant plus de 10h de sport par semaine est susceptible de devenir bigorexique.
- En plus du sport, les addictions sans substance englobent les jeux de hasard et d’argent, les jeux vidéo, les écrans, Internet ou encore les addictions alimentaires ou au sexe.
Pour être en pleine forme, un adulte doit réaliser en moyenne deux à cinq heures d’une activité physique d’intensité modérée par semaine, selon les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les bienfaits du sport sont connus : réduction des risques de maladies cardiovasculaires, de cancer et de diabète. Mais dans certains cas, une pratique sportive excessive peut conduire à une bigorexie, autrement dit une addiction au sport au même titre que l’alcool, la cigarette ou le jeu.
Les sportifs de haut niveau comme les amateurs peuvent être atteints par la bigorexie. Cette addiction comportementale, c’est-à-dire une addiction sans produit, est reconnue par l’OMS depuis 2011, mais ses causes et ses conséquences sont encore méconnues du grand public.
L’activité physique au détriment de tout le reste
Plusieurs activités physiques sont considérées comme très addictives : la course à pied, la natation, le vélo ou encore le bodybuilding. En cause ? Les sessions favorisent la fabrication d’endorphines, les “neurotransmetteurs du plaisir”, qui diminuent l’anxiété et le stress. “Les tensions psychiques, les angoisses, les problèmes semblent disparaître dans une sensation de bien-être qui suit l’exercice intense. Mais l’effet ne dure qu’un temps et le besoin de recommencer vient vite”, précise Maria Hejnar, psychologue clinicienne et psychanalyste, à Femme Actuelle.
Pour retrouver ce sentiment de plénitude, voire d’euphorie, le sportif accroît la durée de ses séances et y consacre de plus en plus de temps. L’activité physique prend alors une place centrale dans sa vie au détriment de tout le reste (vie sociale et professsionnelle) : il organise son quotidien autour du sport et peut, par exemple, rater des événements amicaux ou familiaux importants pour aller à une compétition ou s’entraîner.
Ce comportement obsessionnel expose également à un risque élevé de blessures. Et pour cause, la diminution du temps de récupération et de sommeil peut entraîner des tendinites à répétition, des fractures, des lésions musculaires ainsi qu’un épuisement physique et émotionnel.
Quelle prise en charge ?
“La bigorexie a des origines psychologiques. Généralement, il s’agit de personnes qui cherchent à atteindre le corps parfait, soit en maîtrisant leur poids, soit en recherchant une prise de masse. Dans les deux cas, on retrouve souvent des troubles du comportement alimentaire qui sont associés", explique le Dr Christophe Guégan à nos confrères du Télégramme. Un sportif souffrant de bigorexie vit très mal un arrêt forcé du sport pour une blessure ou une raison professionnelle/personnelle. Des signes psychologiques et physiques similaires à ceux du sevrage peuvent survenir. “Le sujet va alors être en grande souffrance avec des réactions émotionnelles excessives. Il va devenir très nerveux, irritable, désagréable avec l’entourage”, précise Maria Hejnar.
Le sportif ne se rend généralement pas compte de son addiction au sport. Ce sont ses proches qui tirent la sonnette d’alarme face aux blessures multiples ainsi qu’aux changements physiques et psychiques. En cas de suspicion de bigorexie, le patient peut consulter son médecin traitant qui pourra l’orienter vers un médecin du sport ou un service hospitalier sport-santé. La prise en charge regroupe différents professionnels de santé tels qu’un psychologue, un sophrologue, un éducateur, un nutritionniste ou encore un psychomotricien. L’objectif est d’aider la personne à sortir de son addiction tout en comprenant ses mécanismes et de modifier progressivement son rapport au sport.