C’est une étude qui pourrait avoir un grand impact pour la prévention des maladies sexuellement transmissibles et qui vient d’être présentée lors de la Conférence internationale sur le sida, à Montréal, au Canada. Selon les chercheurs, prendre un antibiotique appelé "doxycycline" juste après un rapport sexuel non protégé réduirait le risque de plus de 60 % de développer certaines infections sexuellement transmissibles (IST) courantes. Cette réduction du risque concerne trois IST en particulier : la chlamydia, la gonorrhée et la syphilis.
La chlamydia
La première, la chlamydia, est l’une des IST les plus fréquentes. Selon l’Assurance maladie, en France, plus de 276.000 personnes ont été infectées en 2016. Dans 60 à 70 % des cas, les patients n’ont pas de symptômes mais, si elle n’est pas traitée, la chlamydia peut avoir des conséquences sur la santé à long terme. Elles sont plus graves chez les femmes qui courent notamment un risque de grossesse extra-utérine ou une atteinte inflammatoire pelvienne.
La gonorrhée
La gonorrhée est la deuxième IST la plus fréquente selon le Vidal, avec une recrudescence des cas depuis quelques années en France. Chaque année, 15 à 20.000 nouvelles personnes sont infectées, dont plus de la moitié chez des hommes de moins de 30 ans. Certains patients n’ont aucun symptôme. Mais, s’ils en ont, ils sont différents pour les hommes et pour les femmes. Les hommes peuvent ressentir des picotements, des brûlures en urinant, ou encore des écoulements blanchâtres au niveau du pénis ou du rectum. Les femmes quant à elles peuvent aussi avoir des douleurs en urinant ou pendant les rapports sexuels, des maux de ventre et des écoulements vaginaux jaunâtres ou sanguinolents.
La syphilis
Enfin, la syphilis peut avoir de graves conséquences si elle n’est pas traitée. À terme, les patients peuvent notamment souffrir de troubles neurologiques ou psychiatriques, de destruction d’organes ou de ruptures de gros vaisseaux sanguins.
544 participants
Pour parvenir à leurs résultats, les chercheurs ont étudié les données de 544 personnes, principalement des hommes ayant des relations homosexuelles. Certains étaient porteurs du VIH tandis que d’autres prenaient un traitement PrEP qui empêche le virus de se développer dans l’organisme. Dans chacun de ces deux groupes, certains n’ont rien reçu et d’autres ont reçu de la doxycycline après un rapport sexuel non protégé. Ainsi, les scientifiques ont pu observer que ce médicament avait réduit le risque d’IST de 62 % auprès des patients atteints du VIH et 66 % auprès de ceux prenant la PrEP.
Une utilisation ciblée
Je crois vraiment que nous devons réfléchir très sérieusement au fait de déployer le doxycycline et à la façon de l’intégrer aux recommandations”, a expliqué Annie Luetkemeyer, autrice principale de l’étude lors d’une conférence de presse. Néanmoins, elle a précisé que ce traitement devait surtout être utilisé de façon ciblée, pour les personnes les plus à risque d’être atteint d’IST.