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Après le décès d'un nourrisson

Dourdan : la sécurité dans les petites maternités relancée

Par la rédaction avec Cécile Coumau

Les graves dysfonctionnements constatés à la maternité de Dourdan ont conduit l'ARS à suspendre son activité. Cette affaire relance le débat sur la sécurité dans les petites maternités. 

JOBARD/SIPA

La mort d’un nourrisson à la maternité du centre hospitalier Sud-Essonne de Dourdan relance le débat sur la sécurité dans les maternités. En effet, cette maternité est un établissement classé de niveau 1. Depuis un décret du 9 octobre 1998, les maternités françaises sont classées en trois grands groupes selon le niveau de soins dispensé aux nouveaux-nés. L’objectif de ces textes était d’améliorer la sécurité des naissances en orientant les mères vers la structure de niveau adapté à leur grossesse.


Des maternités de niveau 1 "sous-financées"

Le niveau I correspond aux unités d’obstétrique qui prennent en charge les grossesses normales, réparties à parts égales entre cliniques privées et établissements publics. Les maternités de niveau II sont équipées d'une unité de néonatalogie et on distingue IIa et IIb en fonction de la présence ou non de lits de soins intensifs pour les nouveaux-nés. Le niveau III concerne les grossesses à haut risque, il s’agit presque exclusivement d’hôpitaux publics disposant d’une unité de réanimation néonatale et d’un service de réanimation adulte. Mais, « on a sous-financé les maternités de niveau 1 et l’acte de l’accouchement normal. Résultat, progressivement ces maternités n’ont plus trouvé ni accoucheurs ni patientes donc on les a fermées », confiait en février dernier le Dr Bertrand de Rochambeau, gynécologue-obstétricien à Marne-la-Vallée (77) à pourquoidocteur. Les maternités de niveau 2 et 3 assurent donc désormais 70% des accouchements en France, selon l’enquête périnatale de 2010 contre 63% en 2003. Or, 80% des accouchements se déroulent dans des conditions normales.


La sécurité des soins dépend du nombre d'accouchements 

Par ailleurs, certaines de ces maternités de niveau 1 réalisent moins d’accouchements que la moyenne. Or, comme l’écrivait le Pr Guy Vallancien en 2006 dans un rapport sur « L’évaluation de la sécurité, de la qualité et de la continuité des soins chirurgicaux dans les petits hôpitaux publics en France », « la relation entre la qualité des actes et le volume opératoire par hôpital et par chirurgien a fait l’objet de nombreuses publications anglo-saxonnes. Les résultats montrent une différence significative de la mortalité en fonction du volume d’actes opératoires selon les hôpitaux et dans un hôpital selon le chirurgien lui-même. »

Si aucune donnée française n’a évalué ce phénomène, la France a pris conscience de ce problème puisque dès 1998, un décret visant à améliorer la sécurité des soins à la naissance étaient publiés. Il imposait l'arrêt d'activité des maternités les plus « à risque », celles effectuant moins de 300 accouchements par an. La maternité de Dourdan en assurait, semble-t-il le double. Mais avec quelque 600 accouchements par an, ce service fait aujourd’hui figure de petite maternité. En effet, le nombre moyen d’accouchements par maternité a pratiquement triplé en trente ans, passant de 528 en 1975 à 1357 en 2007.


20% des petites maternités a fermé en 10 ans
Le mouvement de fermetures des petites maternités a donc été massif. Selon une étude du ministère de la Santé publiée en 2012, entre 2001 et 2010, un cinquième des maternités a fermé, alors que dans le même temps le nombre d'accouchements a augmenté de 5 %. Cependant, cette baisse du nombre des maternités ne s’est pas traduit pas un allongement du temps de trajet pour les futures mamans. Le risque très exceptionnel d’accoucher sur la route n’a donc pas augmenté. La moitié des femmes mettent moins de 17 minutes pour aller accoucher. La part des accouchements réalisés à plus de 30 minutes du domicile est stable (23 %).


Par ailleurs, les petites maternités ne sont pas forcément vouées à la fermeture. L’histoire très médiatique de la maternité de Carhaix en offre un bon exemple. Le 30 mars 2008, tous les habitants de la petite ville bretonne sont descendus dans la rue pour protester contre le déplacement des services de maternité et de chirurgie de l'hôpital vers Brest. Une mobilisation qui a duré 8 mois, à coup de manifestations et de pétitions, avec un seul objectif maintenir les services de santé à Carhaix.


L'exemple de la maternité de Carhaix
Aujourd’hui à l’hôpital de Carhaix, les services qui étaient menacés de fermeture sont toujours là et surtout en activité. En effet, à la suite de la mobilisation, le Centre hospitalier de Carhaix a finalement fusionné avec le CHU de Brest.En fusionnant le 1er juillet 2009, le petit établissement a bénéficié d’un plan d’investissement de grande ampleur. Plus de 1,7 millions d’euros ont été investis sur Carhaix en 3 ans. Du matériel neuf a été acheté dans plusieurs services, l’infrastructure a été améliorée, et surtout les équipes soignantes ont été renforcées grâce à des professionnels du CHU de Brest venus prêter main forte aux équipes carhaisiennes. Bernard Dupond, directeur général du CHRU de Brest interrogé par pourquoidocteur en juillet 2012, confiait que « grâce à la fusion, aujourd’hui pour une femme, accoucher à Carhaix ne constitue pas une prise de risque. »

 

A Dourdan, il n’est pas question pour le moment de fermeture ni même de fusion avec un autre établissement. Thomas Talec, le directeur de la maternité, a affirmé au micro d’Europe 1 que « les procédures d'urgence ont été revues immédiatement et les effectifs soignants vont être augmentés sans délai. Des entretiens d'embauche sont programmés dès la semaine prochaine parce que notre volonté très ferme est de rouvrir la maternité dans un mois ».