Le fait de vivre et d’habiter dans un quartier défavorisé est-il associé à une baisse de la fertilité ? C’est la question à laquelle ont répondu des chercheurs de l'université d'État de l'Oregon (États-Unis) dans une étude parue dans la revue JAMA Network Open. Dans le cadre de ces travaux, ils ont examiné le lien entre le lieu de résidence et la fécondité, "un marqueur sensible de la fertilité ayant de nombreuses implications sur la santé."
6.356 participantes
Pour les besoins des recherches, l’équipe a exploité les données d'une cohorte en cours, appelée "Pregnancy Study Online (PRESTO)", recueillies de juin 2013 à avril 2019. Cette dernière portait sur 6.356 personnes, âgées de 21 à 45 ans, qui tentaient de concevoir un enfant sans avoir recours à des techniques de procréation médicalement assistée.
Lors de leur inscription à cet essai clinique, les participantes ont indiqué leur adresse. Elles ont dû répondre à des questions sur les caractéristiques de leur cycle menstruel et l’état de grossesse toutes les huit semaines pendant un maximum de 12 mois. Les chercheurs ont comparé les informations des volontaires en utilisant des indicateurs socio-économiques comprenant le niveau d'éducation, le logement, l'emploi et la pauvreté.
La fécondabilité est réduite de 19 à 21 %
D’après les résultats, les participantes qui résidaient dans les quartiers les plus défavorisés présentaient une réduction de 19 à 21 % de la fécondabilité (soit la probabilité de fécondation selon la période du cycle menstruel) par rapport à celles vivant dans les quartiers les moins défavorisés. Sur la base des classements nationaux, les quartiers les plus défavorisés présentaient une réduction de 23 à 25 % de la fécondabilité par rapport aux zones les moins défavorisées.
"Le fait que nous obtenions les mêmes résultats au niveau national et au niveau des États montre vraiment que la privation des droits liés au logement peut influencer la santé reproductive, y compris la fécondité. Aborder la recherche sur la fertilité d'un point de vue structurel pourrait contribuer à réduire ou à prévenir l'infertilité en général, notamment parce que les traitements sont coûteux et ne sont généralement accessibles qu'aux familles disposant de revenus importantes", a déclaré Mary Willis, auteure de l’étude, dans un communiqué.