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Environnement et santé

Près de 60% des maladies infectieuses sont aggravées par le réchauffement climatique

Par Mégane Fleury

Les aléas climatiques liés aux gaz à effet de serre ont des conséquences sur les vecteurs de certaines pathologies infectieuses.

appledesign/ISTOCK
Cette recherche a été réalisée grâce à l’analyse de plus de 70 000 articles scientifiques.
Si 63 maladies ont été atténuées par un aléa climatique, elles étaient parfois aggravées par un autre.

Le climat change, et notre santé avec. Selon une étude menée par des chercheurs de l’université d’Hawaï, et parue dans la revue Nature Climate Change, les aléas climatiques liés aux émissions de gaz à effet de serre aggravent 218 maladies infectieuses ou allergiques, comme la dengue, Zika ou le paludisme, soit 58% d'entre elles. À l’inverse, 16% de ces pathologies sont atténuées par ces modifications climatiques.

Dix aléas climatiques analysés 

"L’idée que le changement climatique puisse affecter les maladies humaines liées à des pathogènes est plutôt bien acceptée, rappellent les auteurs en préambule. Cependant, l’ampleur de ce risque demeure mal quantifiée." Pour combler ces lacunes, l’équipe de recherche a observé les conséquences de dix aléas climatiques, liés aux émissions de gaz à effet de serre, sur les maladies humaines, provoquées par des pathogènes connus, soit 375 pathologies. Ainsi, ils ont analysé les conséquences du réchauffement, de la sécheresse, des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des précipitations extrêmes, des inondations, des tempêtes, de l'élévation du niveau de la mer, des changements bio-géochimiques des océans et des changements de couverture terrestre. 

Des effets sur les vecteurs 

D’après les conclusions des auteurs, ces différents aléas influencent les maladies déclenchées par les virus, les bactéries, les animaux, les champignons, ou encore les plantes. Sur les 218 pathologies concernées, la majeure partie est aggravée par le réchauffement ou par les précipitations excessives et les inondations. "Le réchauffement et les changements de précipitations, par exemple, ont été associés à l'expansion de l'aire de répartition de vecteurs tels que les moustiques, les tiques, les puces, les oiseaux et plusieurs mammifères impliqués dans les épidémies causées par des virus, des bactéries, des animaux et des protozoaires, notamment la dengue, le chikungunya, la peste, la maladie de Lyme, le virus du Nil, Zika,(…) et le paludisme pour n'en nommer que quelques-uns", soulignent les scientifiques.

Des conditions de vie altérées 

Mais la modification du climat peut aussi entraîner des déplacements de population, qui aggravent la propagation de certaines maladies. "Les vagues de chaleur, par exemple, ont été associées à une augmentation des cas de plusieurs maladies d'origine hydrique telles que les infections associées à vibrio (une sorte de bactérie), la méningo-encéphalite amibienne primaire et la gastro-entérite", précisent les auteurs.

Ils observent aussi que ces aléas altèrent les modes de vie et l’état de santé global, ce qui nous rend plus fragiles, et citent en exemple "l'ajout de stress dû à l'exposition à des conditions dangereuses", ou encore le fait de vivre dans "des conditions dangereuses", à cause de structures endommagées. "La sécheresse, par exemple, était propice à un mauvais assainissement responsable de cas de trachome, de chlamydia, de choléra, de conjonctivite (…)", indiquent-ils. 

Une adaptation impossible au changement climatique 

"C'était vraiment effrayant de découvrir la vulnérabilité sanitaire massive résultant des émissions de gaz à effet de serre, constate Camilo Mora, professeur de géographie au Collège des sciences sociales (CSS) et responsable de cette étude. Il y a tout simplement trop de maladies et de voies de transmission pour que nous puissions penser que nous pouvons vraiment nous adapter au changement climatique." Pour le chercheur, ces résultats confirment une nouvelle fois le besoin urgent de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale.