En juin dernier, Lucy Berkley perd son emploi. Son patron lui reproche un manque d’implication et de motivation. Ce qu’il ignore, c’est que cette efficacité n’a rien à avoir avec le travail. Lucy Berkley joue à Candy Crush et elle est accro. Si tous les amateurs de Candy Crush ne vivent évidemment pas une telle mésaventure, le sentiment de dépendance qu'éprouvait Lucy Berkley n'est, en revanche, pas unique.
Un phénomène de société
Candy Crush, c’est le nom du nouveau jeu de réflexion à la mode. Il consiste à associer des combinaisons de trois bonbons identiques minimum. A chaque niveau, un objectif : points, nombre de déplacements ou encore nombre de bonbons détruits. Le jeu devient addictif à cause de la façon dont il est conçu. Au bout d’un certain nombre de défaites, il se bloque. Pour rejouer, vous devez patienter 20 minutes… ou bien payer des parties supplémentaires. Une méthode bien rodée qui entraîne le joueur dans un cercle infernal. Selon le Daily Mail, les joueurs dépenseraient 475 000€ chaque jour pour acheter des vies.
Candy Crush est un véritable phénomène de société qui séduit 130 millions d’utilisateurs dans le monde. Et pour cause puisqu’il est disponible sur tous les supports possibles : ordinateur, téléphone portable, tablette. Le jeu est mobile et s’emmène partout. Dans le métro, de nombreux utilisateurs « rentabilisent » le temps de trajet en y jouant. Contacté par pourquoidocteur, le Dr Laurent Karila, addictologue à l’hôpital Paul Brousse (Paris), nous explique pourquoi ce jeu est si addictif.
Ecoutez le Dr Laurent Karila, addictologue à l’hôpital Paul Brousse (Paris) : « Il y a un triple phénomène : le jeu lui-même, la performance entre joueurs et l'utilisation des réseaux sociaux. »
L’isolement du jeu
Ils sont nombreux à tomber dans la saga Candy Crush mais tous ne deviennent pas accros. Mais ceux qui le sont s’en mordent souvent les doigts : heures passées à jouer, à débloquer des niveaux… Les adeptes finissent par se consacrer presque uniquement au jeu. Loin de se limiter à jouer dans les transports, certains grignotent même leur temps de travail. Chez les adolescents, les portables sont sortis pendant les cours. Dans les bureaux, même constat : on ne compte plus les pauses « Candy Crush. » L ’histoire se répète à la maison : au lieu de regarder la télévision en famille, certains préfèrent jouer.
Ecoutez le Dr Laurent Karila, addictologue : « Ce n'est pas que la consommation qui pose problème mais aussi la perte de temps et de contrôle. »
Les parents n’ont pas fini de se lamenter sur leurs adolescents accros au jeu, pourrait-on penser. Mais ils sont eux-mêmes atteints par la fièvre Candy Crush. Selon le Daily Mail, le jeu attirerait surtout des femmes âgées de 25 à 55 ans. Des solutions existent pour « décrocher » mais un « sevrage » n’a pas d’effet bénéfique selon le Dr Karila.
Ecoutez le Dr Laurent Karila, addictologue : « L'idée de base c'est de réguler le comportement et de réguler le contrôle. »
Candy Crush n’a pourtant rien de nouveau : les générations précédentes se sont passionnées pour Bejeweld, Columns ou encore pour le célébrissime Tetris. Les concepteurs de jeux ont manifestement un talent certain pour nous rendre dépendants.