Si elle persiste dans le temps, une anosmie, autrement dit une perte de l’odorat, pourrait prédire un risque accru d’un "déclin cérébral à long terme", d'après une étude présentée fin juillet lors de la Conférence internationale de l’Association Alzheimer (AAIC) et relayée par la revue scientifique Medscape Medical News.
Trois odeurs distinctes
Pour parvenir à cette conclusion, des chercheurs argentins ont examiné durant un an les cas de 766 patients, âgés de 55 à 95 ans, presque tous (88,4%) infectés par la Covid-19. Les participants ont effectué des tests physiques, neuropsychiatriques et cognitifs réguliers, dont l'un consistait à identifier trois odeurs bien distinctes, ce qui permettait d'évaluer leur degré de perte d'odorat. En parallèle, les scientifiques ont analysé l’attention, le langage, la fonction exécutive ou encore la mémoire des volontaires.
Résultat, les scientifiques ont constaté que les deux tiers des participants infectés présentaient des troubles de la mémoire fonctionnelle, particulièrement graves chez la moitié d'entre eux. Dans le détail, 11,7% souffraient d'une mémoire défaillante, 8,3% d'une déficience de l'attention et des fonctions exécutives, et 11,6% de problèmes combinés (de mémorisation, d'apprentissage, d'attention, d'exécution des tâches...).
"Quelle que soit la gravité" de la Covid
Or, les chercheurs ont remarqué que les volontaires souffrant de troubles cognitifs sévères souffraient également... d'une perte de l'odorat au long terme. Et que plus l'anosmie était grave et persistante, plus les troubles cérébraux pouvaient être prédits de manière significative.
"Nos données suggèrent fortement que les adultes de plus de 60 ans sont plus vulnérables aux troubles cognitifs post-Covid s'ils ont un dysfonctionnement de l'odorat, quelle que soit la gravité de la Covid", explique Dr Gabriela Gonzalez-Aleman, l'auteure principale de l'étude, citée par Medscape. Autrement dit, plus que la gravité de la maladie elle-même, ce serait la gravité de l'anosmie qui prédirait le mieux l'apparition de troubles cognitifs.
Les participants souffrant d'une altération de l'odorat présentaient une "prédominance de troubles de la mémoire, comme on le verrait dans la maladie d'Alzheimer", ajoute la chercheuse. L'anosmie, selon les scientifiques, est en effet le signal d'une réponse inflammatoire dans le cerveau - inflammation qui fait partie du processus neurodégénératif associé à l'Alzheimer.