"L'accumulation de mutations somatiques de l'ADN au fil du temps est une caractéristique du vieillissement dans de nombreuses cellules qui se divisent ou non, mais elle n'a pas été étudiée dans les cardiomyocytes des êtres humains (à savoir les cellules musculaires du cœur)", ont indiqué des chercheurs du Boston Children’s Hospital (États-Unis). C’est pourquoi ils ont décidé de réaliser une étude parue dans la revue Nature Aging.
Le séquençage du génome entier
Dans le cadre de ces travaux, les scientifiques ont séquencé l'intégralité du génome de 56 cellules constituant le muscle cardiaque, provenant de 12 personnes âgées de 4 mois à 82 ans. Les participants étaient morts, mais leur décès n’était pas associé à une maladie cardiaque.
À l'aide de techniques et d'analyses bioinformatiques sophistiquées, les auteurs ont comparé le nombre de mutations somatiques, c’est-à-dire non-héritées, dans des cellules des différents participants. Ils ont également recherché des schémas de mutations qui pourraient expliquer les mécanismes des maladies cardiaques.
Les mutations se multiplient avec l’âge
D’après les résultats, plus les cellules étaient "vieilles", plus elles présentaient "des modifications d'une seule lettre", appelées "variants somatiques d'un seul nucléotide", dans leur ADN. Dans un communiqué, les chercheurs ont précisé que ces mutations étaient provoquées par des dommages oxydatifs, selon les schémas.
"Comme le cœur est toujours en train de pomper, il consomme beaucoup d'énergie. Cette production d'énergie crée des sous-produits chimiques appelés espèces réactives de l'oxygène ou ERO. Lorsque les niveaux de ROS sont trop élevés, ils peuvent endommager l'ADN", a expliqué Ming Hui Chen, auteur des recherches.
Le cœur peut ne plus battre correctement
Selon les scientifiques, les mutations ont un impact sur la capacité des cellules du muscle cardiaque à se régénérer. "À mesure que l'on vieillit et que les mutations se multiplient, on ajoute des effets délétères qui peuvent faire passer le cœur au-delà d'un point de basculement vers la maladie. On peut arriver à un point où l'ADN est tellement endommagé que le cœur ne peut plus battre correctement", a ajouté l’auteur.