Plus de 422 millions de personnes souffraient de diabète dans le monde en 2014. C’est presque trois fois plus qu’en 1980, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé. Cette maladie chronique est caractérisée par une hyperglycémie chronique, provoquée soit par un déficit d’insuline ou par une mauvaise utilisation de celle-ci par l’organisme. Pour limiter les risques de complication, il est important de détecter rapidement la maladie. Des chercheurs de l’université de Genève, en collaboration avec d’autres équipes scientifiques, ont découvert une manière de diagnostiquer précocement le diabète, avant même l’apparition des premiers symptômes.
Dépister le prédiabète
"Ce trouble métabolique grave est en augmentation constante sous l’effet conjoint d’un manque d’activité physique et d’une alimentation déséquilibrée, constatent les auteurs de l’étude dans un communiqué. Si la maladie est repérée en amont, au stade de prédiabète, son évolution vers un diabète établi peut être contrecarrée en adoptant une hygiène de vie appropriée." Or, un tiers des personnes ont déjà des troubles cardiovasculaires ou rénaux lorsque le diagnostic est établi. La détection du pré-diabète est complexe, car elle implique des examens invasifs pour repérer les cellules pancréatiques altérées par la maladie.
L’équipe scientifique a choisi une stratégie différente : trouver une molécule dans le sang, qui serait liée à l’état des cellules pancréatiques pour détecter rapidement leur altération, avant que le prédiabète ne devienne un diabète établi. Depuis plusieurs années, ils travaillent à l’identification de celle-ci, grâce à des travaux sur les souris.
La molécule "1,5-anhydroglucitol"
"La première étape a consisté à analyser chez des souris saines, prédiabétiques et diabétiques des milliers de molécules", racontent-ils. La biologie moléculaire couplée à l’intelligence artificielle leur ont permis de trouver la molécule appelée, "1,5-anhydroglucitol", un sucre de petite taille, dont la diminution dans le sang indique un déficit en cellules bêta, caractéristique du prédiabète.
Dans un second temps, l’équipe scientifique a testé ces résultats sur les êtres humains. Pour y parvenir, ils ont analysé les niveaux de cette molécule chez des personnes diabétiques et non-diabétiques. "Nous avons pu observer une diminution de ce sucre chez les personnes diabétiques, Cecilia Jiménez-Sánchez, co-autrice de l’étude. C’était très motivant, d’autant plus que cette diminution était observable quels que soient les symptômes, et même avant l’apparition d’un diabète."
Un futur outil de diagnostic ?
Pour les auteurs, ces résultats encourageants offrent la possibilité d’un nouvel outil de dépistage et de prévention, en particulier pour les personnes à risque. "Une simple prise de sang suivie d’un test spécifique peu onéreux permettrait ainsi d’identifier chez elles un potentiel diabète en cours de développement et de prendre des mesures avant que la situation ne soit irréversible", concluent les scientifiques suisses. Avant de le développer et de le généraliser, l’équipe scientifique va mener de nouveaux tests sur la pertinence du dosage de ce sucre dans différents groupes de patients.